Cela fait deux mois, maintenant, que nous venons chaque semaine. La première fois, je me suis garée au même endroit que ce soir. Je t'ai dis : " Si tu descends de la voiture, tu es consentant. Je n'ai jamais vu que des hommes, tout se fait avec capote. " Je ne t'ai pas regardé, je ne voulais pas savoir. J'ai changé la musique, et je suppose que tu as grimacé quand le hard rock a hurlé. Je suis descendue de voiture, la portière a claqué derrière moi. Je n'ai pas attendu longtemps. Quand une silhouette s'est approchée, j'ai enlevé ma petite culotte et gardé le reste. Je me suis étendue sur le capot avant, jupe relevée, et j'ai ouvert grand les cuisses. Aucune formalité. Le type s'est branlé un peu, jusqu'à être assez raide pour mettre un préservatif, puis il ma prise. Après lui, deux autres sont venus, successivement.

Je suis remontée dans la voiture, groggy. Tu avais pris la place du conducteur, prêt à démarrer. A ta braguette encore ouverte, j'ai vu que tu t'étais caressé. Et tu pleurais.

Ce soir, à nouveau, nous avons attendu la nuit noire. De l'autre côté du cours d'eau, l'usine nous domine. Deux cheminées rondes, immenses, fument une vapeur d'eau blanche. Comme chaque fois, je suis écrasée par leur fantomatique puissance. Je change la musique, je descend de voiture, fais quelques pas sur le talus.

J'entend un bruissement dans les herbes. Machinalement, je retire mon slip. Un petit mec s'avance. Je ne sais pas pourquoi, peut-être à cause de sa timidité, mais je m'agenouille devant celui-là, j'ouvre sa braguette et fouille un peu pour sortir son sexe du caleçon. Je décalotte, je suce. Je me dis " moins vite, moins mécanique, on dirait une professionnelle ", mais il bande vite. Je m'étends sur la voiture, écarte les jambes. Il tremble tellement, en enfilant la capote, que je m'en amuse presque. Il finit par me prendre, un peu trop doucement pour la situation, et jouit tout de suite. Il a l'air penaud, et repart aussitôt.

Déjà, un second s'avance. Je sursaute, j'ai entendu la portière. Il fait semblant de rien, s'installe entre mes cuisses et me soulève un peu au-dessus du capot à chaque coup de rein.

J'entends des pas et je te vois. Tu es penché au dessus de moi. Je me dis que l'autre va mal le prendre. Ton rôle de mateur - actif - n'a jamais gêné personne jusqu'ici, mais là tu vas trop loin.

Mais ce n'est pas ça.

C'est un homme qui t'a plié en deux, à plat ventre sur le capot. Pendant qu'il défait ton pantalon, tu plantes tes yeux dans les miens. Je laisse échapper des petits cris, par à-coups, quand celui enfoncé en moi vient jusqu'au fond. Il est un peu gros, il me fait mal, mais pas trop, il a l'air de pouvoir tenir longtemps.

Quand il te sodomise, tu te mords les lèvres, et c'est ton regard qui crie. Je suis au bord des larmes et, pour la première fois, de la jouissance. Nous haletons de concert, de plus en plus fort, à mesure que nos empaleurs se font violents. Je sens des vagues de chaleur, elles irradient de mon sexe à mon ventre, l'orgasme me guette. J'ai terriblement honte. Ce n'est pas une transgression, bien sûr, mais le frisson, enfin.

Alors tu m'embrasses, à pleine bouche. Devant nos bourreaux, tu me glisses à l'oreille, d'une voix saccadée par la douleur, " petite sœur ", simplement. Et je jouis, en criant.

Un peu avant eux, ton orgasme s'échappe en grondements rauques.

Dans la voiture, tu murmures quelque chose, à propos de carrosserie et de nettoyage. J'approuve silencieusement, le garage familiale se passera fort bien de ce genre de traces. Tu prends le volant.