Elle était grasse et pâle, et sentait cette odeur des vieilles officines de tailleurs orientaux, naphtaline, néon et transistor. Elle habitait près de l'église, sous les toits et m'attendait longtemps, vêtue de robes trop serrées, orange ou vert sucés comme des bonbons. Mais elle était jeune et aimait la musique, alors je l'aimais aussi comme un parfum d'ailleurs.
Elle avait une toison sombre et large, ses seins étaient luisants, son cul massif abritait un sexe immense. Elle y mettait le mien mais aussi des douceurs, des cadeaux loukoum ou d'acides asperges. Elle avait les paupières fardées, brunes comme sa peau mate, ses yeux glauques promettaient des abîmes tièdes, éloignaient les filles propres et quotidiennes.
Elle habitait sous les toits et nous faisions l'amour sur les tomettes rouges et grêlées. Parfois nous ne disions pas un mot, elle s'appelait Geneviève, et c'était le sésame murmuré à sa porte. Si j'arrivais au matin je la prenais en sommeil, elle finissait sa nuit, j'aimais l'odeur moite de ses aisselles et de ses plis, je la léchais jusqu'à l'écœurement, elle suçait mon cul en demandant ma merde, nous allions chier ensemble et la journée en était ensoleillée, libérée et nourrie. Je trempais dans son sexe les croissants que j'avais amenés, elle suçait mes seins la bouche pleine de lait, je bandais encore.
Elle était musicienne mais jouait du piano si mal que je l'embrassais pour la rendre muette dès que ses doigts effleuraient le clavier. Je les voulais dans mon cul et elle me les donnait. Elle aurait voulu me donner le reste mais comment vivre sans respirer, sans les femmes quotidiennes et les cris des enfants, comment vivre dans une boite rouge, comment vivre en baisant un motte de graisse rancie ?
Mais il en faut pour relever le goût et l'odeur du monde.
Bruno