Antoine - Pour Mathilde part 1
Posté: 05 Juin 2005, 15:55
Ceci est l'histoire de Mathilde et Antoine, deux jeunes gens qui avaient tout pour réussir leur vie à deux. Ils ont vécu dans un environnement familial, matériel privilégié. Ils s'aimaient, du moins ils le croyaient, et pourtant leur vie sentimentale n'a été qu'une succession d'échecs. Histoire vraie, les noms, certaines situations ont été modifiés, ajoutés pour la rendre anonyme.
Viry Châtillon était une de ces petites villes de la banlieue parisienne dont le destin semblait être de servir de dortoir à toute une population faisant chaque matin et soir sa migration quotidienne et qui comprenait une zone pavillonnaire souvent groupée, tel un pack de rugby, autour d'une petite église romane ou gothique face à la zone de HLM avec son lot d'insécurité et de violence. Les parents d'Antoine avaient une maison coquette et confortable. Sa jeune sœur, qui était sa cadette de 5 ans, faisait son cursus scolaire avec Mathilde dont la maison était distante d'une centaine de mètres de la leur.
Elle était très liée à ma sœur. Le matin les parents les amenaient alternativement à l'école. Les mercredis et week-ends elle venait souvent à la maison. Leurs loisirs étaient invariablement les mêmes: poupées et télévision.
Après leur entrée au collège, elles commencèrent à solliciter Antoine périodiquement pour leurs devoirs. Elles entraient à tout moment dans sa chambre et n'en sortaient pas avant qu'il ne les ait aidées.
Lorsqu'il eut son baccalauréat, il hésita sur la suite de ses études. Il était attiré par de nombreuses matières, électronique, philosophie, sciences politiques. Finalement son choix se porta pour sciences po. Il devait poursuivre plus tard par des études de gestion faites à l'université Paris-Dauphine.
Pendant ces études il rentrait souvent tard à la maison, les week-ends il allait souvent voir des amis à Paris. Il était très impliqué par les débats politiques de l'époque et pendant de longues soirées dans la chambre d'étudiant de certains de ses amis il refaisait le monde. Les discussions étaient toujours passionnées, chacun avait son avis sur tout. Leur désir de justice était immense. Comme la plupart des étudiants il fut aspiré par le tourbillon de la contestation et, au grand dam de ses parents il fut interpellé à plusieurs reprises par la police lors de manifstations d'étudiants. Il ne vit plus, alors, Mathilde que de manière lointaine.
Un mercredi alors qu'il était resté à la maison, Mathilde vint, comme à son habitude, voir sa sœur. Elles étaient toutes les deux au lycée en classe de première S. Antoine fut frappé par son changement physique. Ses cheveux étaient d'un blond éclatant, son visage s'était affiné, sa silhouette était élancée et harmonieuse et ses seins pointaient avec fierté sous son chemisier. Elle se rendit compte du regard diffèrent qu'Antoine portait sur elle. Il y a bien longtemps qu'elle ne pensait qu'à lui.
A partir de ce jour leurs relations furent d'une autre nature. Quand elle ne le voyait pas à la maison, elle l'appelait au téléphone, lui proposait d'aller au cinéma, à un concert, voir une exposition. Autant lui était réservé, autant elle, quoique discrète, était enjouée et gaie.
Pendant près de deux ans ils continuèrent ainsi à se fréquenter régulièrement. Ce fut pour Antoine une curieuse période. Il était attaché à Mathilde, mais quelque chose en lui l'inhibait, l'empêchait d'aller plus loin que les simples baisers et caresses légères. A la faculté certaines de ses camarades lui envoyaient des signes d'intérêt mais là aussi il se montrait incapable d'aller plus loin que les simples marivaudages. Certaines d'entre elles, sans doute par déception, prenaient leur distance avec lui. C'était un indécis, probablement trop timide dans ses relations avec les femmes. Peur de l'échec sans doute. Avec le développement de sa féminité Mathilde attendait plus de lui, qu'il prenne des initiatives. La déception qu'elle pouvait avoir, elle ne la montrait pas.
A 17 ans Mathilde était devenue une belle jeune fille. Une de celles sur lesquelles les hommes se retournaient dans la rue. Quand elle se promenait avec Antoine elle paraissait indifférente à ces murmures d'admiration et de désir soulevés par son passage. Pourtant quand elle était seule, elle ne se montrait pas indifférente à ces regards. Mathilde était coquette et comme toutes les coquettes de son âge elle aimait plaire. Son allure était élancée, mais ses formes étaient pleines avec des seins et des fesses bien ronds, comme les rêvent secrètement tous les hommes.
Physiquement Antoine n'était pas ce qu'on appelle un bel homme. Il avait une allure sportive et avenante et ne déplaisait pas aux filles. Par sa beauté Mathilde aurait pu avoir à elle tous les garçons qu'elle aurait voulus, mais celui qu'elle voulait c'était Antoine. C'était son visage qui était gravé dans ses rêves d'adolescente. Elle ne concevait pas d'autre homme dans sa vie que lui. Elle ne cherchait d'ailleurs pas à fréquenter d'autres garçons, elle les évitait même, convaincue d'avoir trouvé l'homme de sa vie.
En 1972, alors qu'elle venait de réussir sans difficulté son baccalauréat ils décidèrent de partir pour la première fois seuls en vacances. C'était le premier août et ils avaient trouvé une place dans un camping situé dans la Presqu'île de Giens. Il y avait beaucoup de monde, mais le lieu n'était pas désagréable, sans bruit de voiture, proche de la plage.
La tente voisine de la leur était occupée par trois jeunes gens, deux garçons et une fille. Ils étaient particulièrement bruyants, parlaient et riaient fort. La fille semblait disponible pour les deux garçons. L'un des deux était un grand brun, à la peau bronzée, aux pectoraux bien entretenus. Il lissait constamment ses cheveux rejetés en arrière et portait un collier en argent autour du cou. Il avait tout à fait le genre du séducteur des plages, et devait plaire à toutes les filles. Il devait avoir 25 ans et semblait sûr de sa prestance. Dès la première minute il avait remarqué Mathilde. Aussi passait-il à tout moment devant leur tente, leur faisait des signes, adressait des petits sourires à Mathilde. Il avait remarqué que Mathilde et Antoine ne formaient pas vraiment un couple d'amoureux transits. Non loin de leur tente se trouvait une piste de danse et le deuxième soir après leur arrivée il y avait une animation dansante. Malgré Antoine qui ne se sentait pas bien, depuis son arrivée il avait un mal de cœur tenace et, en plus, il avait attrapé un coup de soleil, Mathilde insista pour y passer la soirée.
Depuis près d'une demi-heure, Mathilde dansait avec leur voisin. Autant Mathilde était blonde, avait la peau claire et les yeux d'un bleu transparent et lumineux, autant lui était brun et avait le regard sombre. C'était réellement un bel homme et Antoine remarqua que Mathilde n'était pas insensible à sa beauté et se montrait attirée par lui. A la fin de l'une des danses elle vint lui demander de danser avec elle. Antoine qui se sentait très las refusa de la rejoindre. Agacée par son refus, elle retourna vers son cavalier à qui la scène n'avait pas échappé et qui se sentit encouragé. Il la saisit par la taille et l'attira vivement contre lui. Mathilde entoura son cou de ses bras.
A ce spectacle Antoine se sentit désemparé. Que pouvait-il faire ? Mathilde acceptait avec plaisir le contact étroit de son partenaire. Elle était adulte et savait ce qu'elle faisait. Et puis il n'allait pas l'arracher des bras de son cavalier et faire un esclandre. Il se sentit tout à coup de trop, sans intérêt. Le mieux pour lui était de retourner dans sa tente.
Antoine ne parvenait pas à dormir. D'ailleurs l'aurait-il voulu que le bruit de la musique l'en eut empêché. Quelques heures plus tard, il devait être 1 ou 2 heures du matin, il retourne vers la piste de danse et les voit toujours ensemble. Ils étaient collés l'un à l'autre, leurs lèvres étaient proches les unes des autres. Lui avait une de ses mains sur sa hanche et la maintenait fermement contre lui, l'autre était posée sur ses fesses, remontait parfois vers ses seins et après une légère caresse redescendait à sa position initiale. Mathilde paraissait totalement abandonnée à son plaisir immédiat dans les bras de cet homme.La musique, la chaleur, l'ambiance sensuelle régnant sur la piste de danse où évoluaient des couples étroitements enlacés, le flot de paroles de son cavalier l'avaient transporté sur une autre planète. Elle était sous le charme. Un léger vent amoureux tournait autour d'elle et soulevait par moments sa robe légère. L'un contre l'autre ils sentaient leur jeunesse. " Est-ce que j'existe encore pour elle en ce moment ? " se demanda Antoine.Mais dans cette nuit d'été Mathilde elle n'écoutait qu'une voix et la promesse d'amour qu'elle instillait dans son corps. Seul l'instant présent comptait pour elle . D'Antoine il ne restait plus, alors, qu'une minuscule image floue perdue dans sa mémoire. Cette image resurgissait par brefs instants et provoquait en elle un imperceptible mouvement de recul, vite maîtrisé par son partenaire. Elle s'était évaporée dans la chaleur de la nuit.
Sa décision fut prise : dès les premières heures du jour il rentrerait chez lui. Quand il se leva, Mathilde dormait. Il l'avait entendu rentrer dans la tente 2 ou 3 heures plus tôt et avait feint le sommeil. Alors que, sans faire de bruit, il rangeait ses affaires il se souvint qu'ils avaient mis dans un même sac leurs papiers, billets de train, argent et clés. Ce sac était dans les affaires de Mathilde et il ne pouvait la réveiller. Mécontent, il se résigna à attendre. Il déplia son sac de couchage et se coucha. Antoine gisait à terre, deux jeunes motards l'avaient pris à partie et l'avaient roué de coups. Mathilde était près de lui, le consolait avec des mots doux et nettoyait ses blessures. Une douleur vive à l'épaule lui fit ouvrir les yeux. Mathilde, assise près de lui, le regardait avec un sourire radieux, joyeuse. Il s'était assoupi et avait fait un mauvais rêve. Tout en lui reprochant d'être encore couché alors qu'il faisait un temps magnifique, elle lui donna plusieurs petits baisers sur la bouche, sur le nez, sur le front, sur son épaule encore rougie par le coup de soleil reçu la veille. Elle le retourna sans ménagement et appliqua sur cette épaule une crème apaisante qu'elle était allée acheter dans une pharmacie proche. Antoine était perplexe. Face à tant de prévenances il n'eut pas le courage de faire part de sa décision de partir à Mathilde.
Ils passèrent la journée à se baigner, prendre le soleil et se promener. Le soir à 20 heures ils dînèrent d'une salade variée que Mathilde avait préparée. Le coup de soleil ne laissait pas de répit à Antoine qui alla s'allonger dans la tente et prit un livre. Mathilde feuilletait un magazine, assise devant la tente. Alors que la nuit commençait à tomber Antoine entendit les chuchotements d'une voix d'homme auxquels répondaient ceux de Mathilde. La conversation semblait animée. Après quelques instants il entendit Mathilde se lever et partir. Elle n'était pas seule. Antoine sortit de la tente et aperçut les silhouettes de Mathilde et de leur voisin qui s'éloignaient dans la pénombre. Il enfila un pantalon, mit des chaussures et sans réfléchir décida d'aller voir ce qu'ils faisaient. Après avoir cherché quelques minutes il les aperçut non loin dans l'obscurité. Mathilde était plaquée debout contre un arbre. Son compagnon avait saisi ses deux mains, s'était collé à elle, sa poitrine écrasait ses seins. Il tentait de lui donner des baisers sur la bouche, sur les joues, sur le cou. Mathilde résistait. Alors qu'il avait décidé d'intervenir Antoine vit Mathilde passer ses bras autour du cou du garçon, sa résistance était vaincue. Il s'était emparé de sa bouche, avait retroussé sa robe légère jusqu'en haut de ses cuisses, l'avait saisie par les hanches et frottait nerveusement son sexe gonflé de désir contre son ventre. Antoine fit demi-tour et partit. Sur un morceau de papier posé dans la tente il avait inscrit : " Je rentre à la maison ".
Alors qu'il quittait le camping, se retournant pour jeter un dernier regard en arrière, il aperçut Mathilde qui se dirigeait en courant vers leur tente. Dans un sursaut elle s'était dégagée de l'étreinte de cet homme, affolée et troublée par son impérieuse ardeur. Dans la moîteur de la nuit étoilée son corps juvénile réclamait l'amour charnel, mais l'image d'Antoine et la brusquerie du garçon l'avaient retenue.
Antoine était parti, ils ne devaient se revoir que 10 ans plus tard.
A ses parents étonnés Antoine justifia son retour anticipé par la nécessité de préparer le concours d'entrée à l'école nationale de la santé publique qui devait avoir lieu en octobre. Bien que pendant ses années de lycée il ne se soit jamais montré attiré par la médecine, depuis un an le monde hospitalier l'attirait et ce concours constituait une porte d'entrée.
En attendant d'intégrer cette école il avait obtenu par l'intermédiaire d'une amie un remplacement comme maître auxiliaire pour l'année scolaire 1972/1973. Il trouva une chambre en location dans le 12 ème arrondissement et s'y installa aussitôt. Il lui fallait absolument s'éloigner de ses souvenirs, de son amie volage.
Paris au mois d'août est une ville agréable. La circulation y est plus facile, les gens sont moins pressés et paraissent plus disponibles, moins renfermés sur eux-mêmes. Les touristes y apportent une touche d'exotisme charmante. Mais quand on a le cœur gros, qu'on n'a plus le goût aux choses de la vie, même les lieux les plus beaux du monde paraissent mortels.
Ce mois d'août fut atroce pour Antoine. Il était envahi en permanence par un sentiment de tristesse. Comme un brouillard d'automne, une langueur mortelle s'était répandue en lui. Plein du dégout des choses il tournait dans sa chambre. Se sentant fatigué il se mettait au lit.Parfois assis dans un jardin public il pensait à Mathilde, restée seule dans ce camping. Il l'imaginait dans les bras de cet homme, dans son lit. Il le voyait sur elle, il le voyait en elle. Sa souffrance était si forte que parfois il en avait des nausées. Antoine avait lu une étude qui montrait une augmentation importante, depuis quelques années, du nombre de suicides chez les jeunes de moins de 25 ans. Si une telle pensée ne lui venait pas à l'esprit, il comprenait que dans de tels instants des jeunes gens, à peine sortis de l'adolescence, se sentant à bout et ne parvenant pas maîtriser une trop forte déception puissent être poussés à cette ultime extrémité. Totalement absorbée par les méandres de sa relation amoureuse naissante, Mathilde pouvait-elle entendre la plainte d'amour d'Antoine? L'amour est long, la nuit est courte et Mathilde avait fait son choix.
L'arrivée du mois de septembre fut pour lui une délivrance. Il devait préparer la rentrée scolaire et se jeta avec frénésie dans le travail.
Au retour de ses vacances Mathilde, qui avait obtenu les coordonnées d'Antoine par sa sœur, chercha à le joindre de nombreuses fois par téléphone, lui laissa des messages sur son répondeur. Antoine coupait instantanément, sans répondre, la communication quand il entendait la voix de Mathilde.
Dans le courant du mois d'octobre il reçut une lettre de Mathilde. Elle lui racontait qu'elle avait été enceinte et qu'elle venait de subir un avortement. Cette épreuve avait été pour elle un vrai traumatisme et avait avivé son amour pour lui. Elle avait besoin de lui, de son amour. Dans son exaltation juvénile elle ajoutait que, sans lui, la vie ne valait pas la peine d'être vécue et qu'elle se languissait d'amour pour lui. Sans soleil les fleurs ne s'épanouissent pas, les fruits ne mûrissent pas. " Je peux exister que par toi. Sans ton amour je ne pourrais vivre " ajoutait-elle. Le trop-plein d'amour de Mathilde s'était répandu sur sa correspondance dans un flot sans fin de paroles.
La solitude! la solitude! clamait alors Léo Ferré.
Cette lettre conforta Antoine dans sa décision. Elle s'était abandonnée dans les bras du premier bel homme qui s'était montré entreprenant. Elle avait passé tout un mois avec lui. Sa folie amoureuse avait dû être bien grande pour qu'elle en oublie toute précaution. Toutes ses nuits, ne connaissant personne dans ce camping, elle les avait sans doute passée dans le lit de cet homme. Peut-être l'avait-il laissé tomber et maintenant elle voulait revenir vers lui, pensait-il. Ce qu'elle avait fait une fois, peut-être sous l'emprise des circonstances, elle le refera. Souffrir par ceux que l'on aime est le pire des châtiments, pensait-il. Aussi valait-il mieux s'en prémunir. Non vraiment il ne ferait pas siennes les paroles du chanteur du temps des cerises qui, ne craignant pas les peines cruelles, acceptait l'idée de souffrir un jour pour les yeux d'une belle. Une femme en un jour avait désolé sa jeunesse, mais une autre fois on ne l'y reprendrait pas.
Antoine ne percevait pas sa part de responsabilité dans son échec sentimental. Mathilde était une jeune fille douce, tendre et sans complication. L'amour qu'elle ressentait pour Antoine était sincère. Cependant sa féminité épanouie attendait inconsciemment plus qu'une simple relation platonique, et cela il ne l'avait pas compris. Alors quand, dans ce cadre estival, se présenta à elle un homme empressé et séduisant, qui se montra en accord avec ses sens, elle se laissa doucement dériver vers les rives du plaisir charnel et ce que lui fit découvrir ce premier amant fut infiniment plus fort et intense que ce qu'elle avait pu imaginer.
Antoine revit Mathilde en septembre 1982. Il venait de sortir d'une réunion et se trouvait debout dans le métro. Son métier ne lui déplaisait pas, il lui procurait une situation matérielle confortable, mais au fond de lui-même il avait toujours su que ce n'était là qu'il aurait pu donner la pleine mesure de lui-même. Antoine aimait la peinture et périodiquement il réalisait des tableaux. Il utilisait la peinture acrylique qu'il trouvait plus simple d'utilisation que la peinture à l'huile. Il peignait des portraits et plus fréquemment des tableaux abstraits où il aimait faire des combinaisons de couleurs et de formes. Kandinsky était un de ses peintres favoris. Chaque fois qu'il avait l'occasion de découvrir un tableau de ce peintre qu'il ne connaissait pas, il se disait avec irritation qu'il avait déjà peint ce que lui-même aurait voulu faire. Perdu dans ses pensées il n'avait pas prêté attention à ses voisins. Il entendit une première fois son prénom, à la seconde fois il tourna la tête et vit Mathilde à côté de lui. Son visage avait acquis une maturité grave qui la rendait encore plus belle. Il resta figé de surprise face à elle. " Mathilde, mon dieu que tu es belle ! " s' exclama-t-il. Ces mots étaient sortis de sa bouche spontanément. Près d'eux une petite dame âgée, touchée par cette spontanéité, leur sourit les regardant avec une tendresse mélancolique.
Ils sortirent du métro. Dehors des nuages sombres et lourds couraient le ciel et libéraient sur la ville agitée une pluie fine. Mathilde se serra contre lui sous son parapluie. Ils marchèrent longtemps bras dessus bras dessous. Ils parlèrent peu. Une joie discrète et silencieuse était en eux. Une douceur profonde les avait saisis.Ils étaient heureux de se sentir l'un près de l'autre, de retrouver les sensations de leur première jeunesse. Ils auraient voulu se prendre dans les bras l'un de l'autre, rester ainsi immobiles, attentifs au seul contact de leurs corps, mais pour cela il aurait fallu que l'un des deux ose. L'heure n'était pas venue. Autour d'eux les piétons se hâtaient en tous sens, les automobilistes s'énervaient du surcroît d'embarras provoqué par la pluie. Mathilde et Antoine étaient indifférents à cette agitation. Ils eurent au même moment la même envie de se raconter et s'assirent dans le premier café qui se trouvait sur leur chemin.
Elle lui raconta combien elle avait pleuré et combien elle l'avait détesté lorsqu' en ce funeste automne de 1972 il n'avait pas répondu à ses nombreux appels et messages. Plus elle pensait à lui, plus son aversion à son égard grandissait.
Avec la candeur et le naturel qui étaient toujours les siens, parlant comme à un confident, elle lui raconta sa vie, son métier qui la faisait côtoyer beaucoup de gens du monde des spectacles. Elle avait connu beaucoup d'hommes, eu de nombreux amants. Elle était très courtisée et pourtant elle se sentait seule. Pendant son adolescence Antoine avait rempli la totalité de ses rêves, de ses pensées. Qu'il soit l'homme de sa vie était alors pour elle une évidence. Ses rêves d'adolescente ne se seront pas réalisés, elle avait perdu l'être aimé. Elle n'avait pas trouvé cet autre homme avec qui elle aurait voulu faire sa vie, avoir les enfants que son désir de maternité attendait. Elle avait pourtant été enceinte deux fois, mais elle ne concevait des enfants que dans le cadre de l'équilibre d'un couple avec la présence d'un père et d' une mère. En fait inconsciemment elle souhaitait retrouver la douce quiétude dans laquelle elle avait grandi au milieu de ses parents. L'expérience des couples éclatés de son entourage l'avait définitivement convaincue sur ce point. Par deux fois elle avait du interrompre sa grossesse. Elle aimait follement le plaisir fulgurant qu'elle ressentait sous l'étreinte virile d'un homme, mais quand elle se retrouvait seule dans son lit elle ressentait parfois le besoin d'un homme sur lequel elle puisse se reposer, qui l'envelopperait de son amour, qui la protégerait. Dans ses moments de tristesse elle pensait toujours avec amertume à son amour perdu.
Elle s'arrêta de parler et le regardant avec un serrement de cœur lui demanda pourquoi il l'avait abandonnée 10 ans auparavant.
A cette question Antoine se raidit. " Comment aurais-je pu rester dans ce camping, sous la même tente que toi alors qu'en t'abandonnant dans les bras d'un inconnu, certes beau, tu m'avais percé le cœur ? ", Lui dit-il. " As-tu pensé alors un seul instant à mon tourment ? " Il lui raconta combien après son départ du camping l'image d'elle dans les bras de cet homme l'avait torturé. Il avait acquis la conviction qu'il n'était pas l'homme qu'il lui fallait, que son amour pour lui était aussi léger qu'un fétu de paille.
Sa vie sentimentale n'avait pas été au diapason de sa vie professionnelle. Il avait bien eu quelques liaisons passagères. Il lui semblait que son cœur était devenu comme un vieux tronc d'arbre desséché, à terre, incapable de donner à nouveau la moindre vie, un chambre vide depuis longtemps abandonnée.
Ils décidèrent de se revoir. En le quittant Mathilde lui donna un baiser sur ses lèvres. Antoine lui avait fait goûter du marsala à l'œuf, vin cuit sicilien arômatisé au jaune d'œuf sucré. Les lèvres de Mathilde avaient un goût exquis de fruit mûr. Ce baiser léger et tendre scellait leurs retrouvailles.
Pendant près d'un an ils se retrouvèrent une à deux fois par semaine. Ils allaient souvent au cinéma, au théâtre. Elle venait régulièrement chez lui. Il habitait un grand deux pièces clair et relativement calme dans le XIV ème arrondissement. Elle s'installait dans sa cuisine et lui préparait des repas pour plusieurs jours. Elle trouvait qu'il avait des mauvaises habitudes alimentaires et elle voulait les corriger. Ils faisaient également l'amour. Tenir son corps nu, lisse et souple dans ses bras était pour Antoine un émerveillement. Et puis ce qu'il aimait pardessus tout c'était sa poitrine : caresser, embrasser, lécher, se noyer dans ses seins biens ronds et toujours fermes. Mathilde pratiquait régulièrement la natation et la nage sur le dos lui musclait les pectoraux et maintenait ferme sa poitrine. Pour Antoine les seins étaient le signe premier de la féminité. La proéminence de la poitrine chez la femme, au contraire de ce que l'on observe chez les autres primates qui n'ont pas besoin de mamelles rondes pour allaiter leur petit, est une question au sujet laquelle Antoine avait lu plusieurs articles scientifiques contradictoires. La théorie en laquelle croyait Antoine est que cette proéminence des seins avait pour fonction de donner un signal sexuel, d'attirer le regard de l'homme, d'aviver le désir masculin. Chez la plupart des primates les organes sexuels de la femelle sont visibles au mâle et ils le renseignent sur l'état de fécondité et de chaleur de la femelle. Chez la femme les organes sexuels sont dissimulés entre les jambes. Le développement des seins aurait ainsi compensé cette absence de vue.
Tout alla très bien jusqu'en ce jour du mois où les fraises sont mûres . Au cours d'un vernissage, Mathilde revît un ancien ami. C'était un grand antillais séduisant, au teint clair et à l'allure sportive, ancien collègue de travail, lui dit-elle, qui était retourné en Martinique il y a 3 ans et venait de rentrer depuis peu de temps à Paris. Ils avaient beaucoup de choses à se raconter, inintéressantes pour Antoine, aussi Mathilde lui proposa-t-elle de continuer la visite seul. Ils se retrouveraient à la sortie.
Antoine en eut fini en une demi-heure, il attendit près de la sortie pendant quelque temps et ne la voyant pas il fit demi-tour. Il les aperçut toujours au même endroit. Lui parlait et riait beaucoup. Il agitait ses mains dans tous les sens, effleurant tantôt l'épaule de Mathilde, tantôt ses hanches, tantôt lui prenant la main qu'elle retirait avec une moue faussement réprobatrice. Une ombre traversa l'esprit d'Antoine.
Comme il avait soif il sortit de la galerie et s'installa dans un café se trouvant en face de la sortie, de l'autre côté de la rue.
Quelques instants plus tard, Antoine les vit sortir de la galerie et au moment de la quitter son compagnon saisit Mathilde vivement par les hanches et plaqua sa bouche sur la sienne. Après un premier mouvement de recul, Mathilde, les bras ballants, se laissa envahir par la force du désir qui émanait de son ami. Elle se dégagea néanmoins de l'étreinte et se dirigea rapidement vers le métro.
Peu après Antoine sortit du café. Il n'avait pas envie de rentrer chez lui. Depuis quelques mois il avait décidé de se laisser tenter par l'achat d'une de ces nouvelles chaînes hi-fi dont on vantait les qualités. Il décida donc d'aller à la Fnac qui ce jour là était ouverte jusqu'à 22 heures.
Plus tard dans la soirée, Mathilde qui avait déjà laissé un message sur son répondeur l'appelait. Elle était inquiète. Elle ne l'avait pas trouvé à la sortie de la galerie. Elle était passée chez lui en vain. Il lui expliqua qu'à la fin de sa visite, l'ayant vu avec son ami antillais toujours en discussion, il avait préféré les laisser seuls et avait décidé d'aller faire un achat. Il lui donna rendez-vous pour le week-end prochain.
Le samedi suivant Antoine était chez Mathilde. Elle avait pris deux places pour le Trouvère de Verdi qui passait à l'Opéra-Bastille. Alors qu'elle se préparait dans sa salle de bains le téléphone sonna. Elle lui demanda d'aller répondre. En se levant il renversa sur son pantalon le verre de marsala qu'il buvait. Mathilde avait pris l'habitude d'acheter cet apéritif qu'Antoine aimait. Le répondeur se mit en route. Il reconnut la voix caractéristique de l'ami antillais de Mathilde lui confirmant un rendez-vous dans la brasserie non loin de chez lui. Antoine dit à Mathilde qu'il n'avait pu répondre au téléphone tout occupé qu'il était à nettoyer son pantalon.
C'était un mardi et la brasserie était déjà bien remplie, très bruyante et l'atmosphère déjà pesante. Antoine s'installa dans une place au fond de la salle qui lui permettait d' avoir une vue d'ensemble Mathilde arriva quelques minutes après son ami. Antoine eut un choc: jamais il ne l'avait vue ainsi habillée, maquillée, coiffée. Depuis 10 mois qu'ils se fréquentaient, elle portait invariablement des pantalons, des jupes mi-longues amples, qui, s' ils étaient d' excellente qualité, ne mettaient pas en valeur ses formes à la fois fines et épanouies. Sa coiffure se limitait à une queue de cheval. Mathilde portait une minijupe de cuir noir et des sandales noires à talons hauts, qui soulignaient la finesse de ses jambes, un débardeur décolleté en soie rouge laissant apparaître la blanche pâleur de ses seins délicats et fiers comme des fleurs. Son maquillage donnait encore plus d'éclat à sa beauté et lui donnait une touche de provocation. Tout en elle était sensualité et appel à l'amour. Mathilde eut un sourire malicieux. A la bosse qu'elle vit au pantalon de son ami, qui s'était levé pour la saluer, elle put constater son émoi et voir que le message que son corps lui adressait était bien reçu.
Toute la durée du repas fut un supplice pour Antoine. Il les voyait si contents d'être ensemble. Les mains du garçon étaient sans arrêt en mouvement. Il lui caressait les mains, les joues. Parfois l'une de ses mains s'aventurait discrètement sous sa jupe et remontait lentement vers le haut de ses cuisses là où la peau se fait plus fine , douce et chaude . Il parvenait à effleurer du bout de ses doigts l'entrée de tous ses désirs. Mathilde se montrait très réceptive à ces attouchements et semblait même les attendre.
Les minutes sont longues à celui qui souffre. Lorsqu' ils se quittèrent, Antoine vit avec tristesse le baiser ardent et profond qu'ils échangèrent. Les lèvres épaisses et charnues du garçon mangeaient la bouche de Mathilde. C'était à la fois une prise de possession et un abandon. Les bras, qu'elle avait passés autour de son cou, formaient comme un collier d'amour. Antoine était pétrifié et se sentait entraîner inexorablement dans un gouffre, impuissant à freiner sa chute. Ainsi donc, 10 ans plus tard il se retrouvait au même point et avait ce même sentiment d'insignifiance. Le mal est sans espoir aussi valait-il mieux le taire, pensa-t-il.
Le lendemain il décida d'écrire à Mathilde.
La journée avait été chaude et même un peu étouffante. En cette fin de journée un petit vent frais entrait par la fenêtre entrouverte de sa chambre. D'un appartement voisin lui parvenait la voix plaintive de Jacques Brel pleurant sa Fanette :
Nous étions deux amis et Fanette m'aimait La plage était déserte et mentait sous juillet Si elles s'en souviennent les vagues vous diront Comment pour la Fanette s'arrêta la chanson.
Machinalement Antoine poursuivait dans sa tête :
Faut dire Faut dire qu'elle était belle Comme une perle d'eau Faut dire qu'elle était belle Et je ne suis pas beau Faut dire que j'étais fou de croire à tout cela Je le croyais à nous Je la croyais à moi
Il mît près de 2 heures à faire sa lettre. Alors qu'il écoutait la 5 ème symphonie de Mahler il eut envie d'enregistrer la lettre et d'envoyer la cassette à Mathilde. Quant il eut fini Antoine se sentit soulagé. Il appréhendait la dramatisation inévitable d'une discussion face à face.
Le vendredi suivant Mathilde sortit de son travail à 18 heures. En allant prendre le métro elle passa devant un magasin de lingerie féminine. Elle vit en vitrine un ensemble soutien gorge- culotte- porte jarretelles couleur cerise qu'elle voulut essayer et acheta. Pendant son trajet en métro elle pensait aux moments voluptueux qu'elle allait vivre dans la soirée. Son ami antillais avait été son amant 5 ans auparavant et elle avait un souvenir très précis de ses qualités amoureuses.
Elle arriva chez elle dans un état de grande excitation. Dans sa boîte aux lettres elle trouva au milieu de factures et prospectus divers le paquet contenant la cassette d'Antoine. Elle posa le tout sur sa table et alla dans sa salle de bains. Après avoir pris une douche, s'être longuement maquillée, coiffée, parfumée, elle mis les sous-vêtements achetés une heure auparavant. Devant sa glace, avec un sourire de contentement elle se dit qu'ils mettaient bien en valeur ses charmes. Ses cheveux blonds rejetés sur le coté gauche tombaient en ondulant sur son épaule et laissaient apparaître sur l'autre côté un pendant d'oreille dont le rouge sombre rappelait celui de ses lèvres. Elle mit un ensemble tailleur minijupe de couleur noire. Le bas de la jupe était terminé par une dentelle fine. La veste épousait parfaitement la forme de son corps et laissait apparaître le haut de ses seins ronds qui semblaient vouloir s'échapper de leur écrin. Elle portait des escarpins à talons aiguilles qui creusaient la cambrure de ses reins, projetant en avant sa poitrine et accentuant le galbe de ses fesses. Autour de sa cheville droite elle avait mis des petites pastilles autocollantes dorées qui, à chacun de ses mouvements, étincelaient comme autant de petites lucioles. Qui pourrait lui résister ? Un moine tibétain peut-être pensa-t-elle avec un sourire.
Son amant lui avait donné rendez-vous dans un restaurant mexicain. Il venait périodiquement dans ce bar-restaurant fréquenté par nombre d'antillais. Il était particulièrement fier de s'y montrer avec une magnifique blonde et pour bien montrer qu'elle était à lui il tenait sa main dans la sienne. Ils mangèrent rapidement, portant peu d'attention à ce qu'ils mangeaient tellement leur esprit était tendu vers ce seul objectif : se retrouver seuls, corps contre corps, peau contre peau, l'un sur l'autre, l'un dans l'autre. Ils quittèrent le restaurant à la hâte tellement ils n'en pouvaient plus d'attendre.
Ils firent l'amour pendant 4 heures presque sans discontinuer faisant juste quelques pauses pour reprendre leur souffle et se rafraîchir. La première fois Mathilde eut une jouissance brève et fulgurante tellement l'attente avait été longue et l'excitation grande. A peine arrivés dans l'appartement de son amant ils se jetèrent dans les bras l'un contre l'autre. Les lèvres charnues du garçon enveloppaient la bouche de Mathilde. Ils s'embrassaient avec fougue et voracité comme s'ils voulaient se dévorer. Leurs lèvres se mélaient les unes aux autres. Tantôt blanc, tantôt noir. Leurs langues s'enlaçaient, s'aspiraient, se repoussaient.Il avait dégagé de leur berçeau les seins pigeonnants de son amante et les petrissait fébrilement.. Mathilde avait collé son bas-ventre contre le sexe tendu à l'extrême et palpitant de son amant. Une de ses mains était descendue vers l'unique objet de ses désirs et après s'être introduite dans son pantalon l'avait agrippé avec un soupir de joie. Son sexe était long et dur comme un pal. Il se plaça derrière elle, remonta d'un geste impétueux sa minijupe, fit glisser sa culotte, l'inclina, écarta ses jambes. Leurs sexes étaient face à face. Mathilde tendait sa croupe au maximum vers le sexe de son amant. Au premier contact les lèvres de sa vulve, qui attendait avec impatience cette pénétration, s'étaient ouvertes instantanément et la colonne chaude de son amant s'était installé de toute sa longueur en elle. Mathilde l'accueillit avec un petit cri d'amour. Ils restèrent immobiles quelques secondes savourant le plaisir de la première pénétration.Mathilde était surprise par l'intensité de son propre désir, enivrée par le goût de cette peau, par l'odeur de cet homme qu'elle retrouvait 3 ans plus tard.. Quant à lui, l'antillais, la pensée d'être à ce point désiré par une si belle blonde, courtisée par bien des hommes, décuplait son désir. Son bas ventre frappait avec force contre les fesses de Mathilde. Il accompagnait chacune de ses poussées d'un grognement de satisfaction. La puissance de ses va-et-vients ne semblait pas faire mal à sa maîtresse. Les seins de Mathilde étaient ballotés au rythme des secousses. Dans le calme absolu de la nuit on n'entendait que les claquements des coups de boutoirs mêlés aux soupirs des deux amants. Lorsqu'il faisait une pause, Mathilde continuait les va-et-vients avec des mouvements circulaires du bassin qui affolaient son amant qui tentait de retarder au maximun la montée de sa sève.Quand il retira son sexe il était encore tendu à l'extrême. Il avait l'impression qu'il pourrait jouir indéfiniment avec cette femme. La retournant vers lui il lui prit à nouveau la bouche et debout l'un contre l'autre ils se déshabillèrent lentement. Il la souleva nue dans ses bras, surpris par sa légèreté, et la porta dans sa chambre. Il la déposa délicatement sur son lit et se laissa tomber sur elle. Son sexe trouva instantanément le chemin de la grotte tant désirée.
Lors de cette deuxième étreinte ils prirent le temps de sentir leur désir. Ils explorèrent leur corps avec leurs mains, leur bouche, leur langue. Les petits baisers, semblables à des picotements, qu'il lui donnait sur ses fesses, son dos, sa nuque, ses cuisses la faisaient frissonner. Il lui mordillait délicatement le lobe des oreilles, les tétons. Il frottait son sexe entre ses seins, entre ses fesses, sur son sexe. C'était merveilleux. Pendant qu'il la chevauchait sa bouche plaquée à la sienne, Mathilde accompagnait les sublimes secousses de son amant d'une légère plainte d'amour. Il était sur elle. Elle dansait sur lui. Dans cette sarabande amoureuse ils tentaient l'impossible fusion du blanc et du noir. Il était son étalon, elle était sa pouliche. L'animal était en eux. Il était le mâle et elle la femelle. Le bassin de Mathilde était parcouru de vibrations. Elle était secouée par le flux et le reflux des ondes de plaisirs.Ses mains comprimaient les fesses de son amant, les pressaient contre elle pour qu'il puisse entrer plus loin, plus fort en elle. Elle aspirait en elle ce sexe tant désiré. Mathilde se sentait emportée par une houle déferlante de plaisir qui la submergeait. Quand il déversa sa lave bienfaitrice en elle, elle eut une explosion volcanique qui la libéra de sa tension nerveuse. Son cri résonna dans le calme de la nuit. Une ultime onde de jouissance traversa tout son corps. Elle avait joui plusieurs fois de suite. Leur jouissance fut simultanée et dans un ultime choc de leurs ventres ils restèrent soudés l'un à l'autre. Boucles blondes, boucles noires étaient emmêlées. Alors qu'il restait figé au-dessus d'elle, les mains crispées sous ses fesses, elle serrait son amant contre elle à s'en étouffer Le sexe long et vigoureux de son amant remplissait totalement le sien. Il était parfaitement ajusté au sien. Un sexe pareil était fait pour elle. En de tels moments rien d'autre que l'exaltation de son corps et la volupté sauvage de la possession sexuelle n'existaient pour elle. Apaisée, elle lui demanda de rester en elle, elle aimait sentir en elle ce membre encore raide et chaud. Ils restèrent longtemps l'un dansl'autre. Elle avait là un amant merveilleux, fougueux, endurant et attentif à son plaisir, ce qu'elle n'avait pas toujours connu avec bien des hommes qui l'avaient possédée, uniquement préoccupés par leur seul plaisir.
La chambre ressemblait à un vrai champ de bataille, leurs vêtements jonchaient le sol, le lit n'était plus qu'un amas de draps et de coussins. Il alla chercher dans son réfrigérateur deux glaces dont la fraîcheur leur fit du bien. Ils n'avaient pas encore totalement apaisé leur faim d'amour, le désir était toujours là en eux. Le mélange de leurs odeurs, parfum discret et subtil de Mathilde, transpiration, sécrétions sexuelles, agissait sur eux comme un aphrodisiaque. Alanguie et complètement abandonnée près de son amant, Mathilde voyait se redresser lentement et inexorablement son sexe et avec des caresses légères et délicates elle encourageait sa montée. Malgré les réticences de Mathilde son amant entreprit de forcer le passage de ses reins. Il entra en elle avec lenteur et délicatesse. Son sexe dur réduisait progressivement la résistance de ses muscles internes. Elle eut un peu mal, tellement il était fort. Mais une fois en place il resta immobile en elle. Alors une douce chaleur se répandit progressivement sur son bas-ventre et ce fut avec plaisir qu'elle le sentit reprendre ses mouvements. Pendant la saillie de son amant elle se caressait le clitoris. Aussi eut-elle une double jouissance.
A la fin, ils eurent envie de remercier leur sexe de tout le bonheur et de toute la jouissance reçus. Ils se donnèrent successivement du plaisir avec leur bouche. Il s'était placé tête-bêche au dessus d'elle.Elle avait happé avec gourmandise les deux boules bien rondes qui pendaient sous son sexe. Elle parcourait la chaude colonne de petits baisers, sa langue taquinait le bout de son sexe. Lui avait si bien lutiné son bouton d'amour avec sa langue et aspiré sa vulve gonflée de désir. Sa vie était toute entière dans le présent, elle aimait.Vers trois heures du matin, totalement satisfaite et comblée, Mathilde demanda à son amant de la raccompagner chez elle. Lui avait voulu qu'elle passe la nuit avec lui.
Viry Châtillon était une de ces petites villes de la banlieue parisienne dont le destin semblait être de servir de dortoir à toute une population faisant chaque matin et soir sa migration quotidienne et qui comprenait une zone pavillonnaire souvent groupée, tel un pack de rugby, autour d'une petite église romane ou gothique face à la zone de HLM avec son lot d'insécurité et de violence. Les parents d'Antoine avaient une maison coquette et confortable. Sa jeune sœur, qui était sa cadette de 5 ans, faisait son cursus scolaire avec Mathilde dont la maison était distante d'une centaine de mètres de la leur.
Elle était très liée à ma sœur. Le matin les parents les amenaient alternativement à l'école. Les mercredis et week-ends elle venait souvent à la maison. Leurs loisirs étaient invariablement les mêmes: poupées et télévision.
Après leur entrée au collège, elles commencèrent à solliciter Antoine périodiquement pour leurs devoirs. Elles entraient à tout moment dans sa chambre et n'en sortaient pas avant qu'il ne les ait aidées.
Lorsqu'il eut son baccalauréat, il hésita sur la suite de ses études. Il était attiré par de nombreuses matières, électronique, philosophie, sciences politiques. Finalement son choix se porta pour sciences po. Il devait poursuivre plus tard par des études de gestion faites à l'université Paris-Dauphine.
Pendant ces études il rentrait souvent tard à la maison, les week-ends il allait souvent voir des amis à Paris. Il était très impliqué par les débats politiques de l'époque et pendant de longues soirées dans la chambre d'étudiant de certains de ses amis il refaisait le monde. Les discussions étaient toujours passionnées, chacun avait son avis sur tout. Leur désir de justice était immense. Comme la plupart des étudiants il fut aspiré par le tourbillon de la contestation et, au grand dam de ses parents il fut interpellé à plusieurs reprises par la police lors de manifstations d'étudiants. Il ne vit plus, alors, Mathilde que de manière lointaine.
Un mercredi alors qu'il était resté à la maison, Mathilde vint, comme à son habitude, voir sa sœur. Elles étaient toutes les deux au lycée en classe de première S. Antoine fut frappé par son changement physique. Ses cheveux étaient d'un blond éclatant, son visage s'était affiné, sa silhouette était élancée et harmonieuse et ses seins pointaient avec fierté sous son chemisier. Elle se rendit compte du regard diffèrent qu'Antoine portait sur elle. Il y a bien longtemps qu'elle ne pensait qu'à lui.
A partir de ce jour leurs relations furent d'une autre nature. Quand elle ne le voyait pas à la maison, elle l'appelait au téléphone, lui proposait d'aller au cinéma, à un concert, voir une exposition. Autant lui était réservé, autant elle, quoique discrète, était enjouée et gaie.
Pendant près de deux ans ils continuèrent ainsi à se fréquenter régulièrement. Ce fut pour Antoine une curieuse période. Il était attaché à Mathilde, mais quelque chose en lui l'inhibait, l'empêchait d'aller plus loin que les simples baisers et caresses légères. A la faculté certaines de ses camarades lui envoyaient des signes d'intérêt mais là aussi il se montrait incapable d'aller plus loin que les simples marivaudages. Certaines d'entre elles, sans doute par déception, prenaient leur distance avec lui. C'était un indécis, probablement trop timide dans ses relations avec les femmes. Peur de l'échec sans doute. Avec le développement de sa féminité Mathilde attendait plus de lui, qu'il prenne des initiatives. La déception qu'elle pouvait avoir, elle ne la montrait pas.
A 17 ans Mathilde était devenue une belle jeune fille. Une de celles sur lesquelles les hommes se retournaient dans la rue. Quand elle se promenait avec Antoine elle paraissait indifférente à ces murmures d'admiration et de désir soulevés par son passage. Pourtant quand elle était seule, elle ne se montrait pas indifférente à ces regards. Mathilde était coquette et comme toutes les coquettes de son âge elle aimait plaire. Son allure était élancée, mais ses formes étaient pleines avec des seins et des fesses bien ronds, comme les rêvent secrètement tous les hommes.
Physiquement Antoine n'était pas ce qu'on appelle un bel homme. Il avait une allure sportive et avenante et ne déplaisait pas aux filles. Par sa beauté Mathilde aurait pu avoir à elle tous les garçons qu'elle aurait voulus, mais celui qu'elle voulait c'était Antoine. C'était son visage qui était gravé dans ses rêves d'adolescente. Elle ne concevait pas d'autre homme dans sa vie que lui. Elle ne cherchait d'ailleurs pas à fréquenter d'autres garçons, elle les évitait même, convaincue d'avoir trouvé l'homme de sa vie.
En 1972, alors qu'elle venait de réussir sans difficulté son baccalauréat ils décidèrent de partir pour la première fois seuls en vacances. C'était le premier août et ils avaient trouvé une place dans un camping situé dans la Presqu'île de Giens. Il y avait beaucoup de monde, mais le lieu n'était pas désagréable, sans bruit de voiture, proche de la plage.
La tente voisine de la leur était occupée par trois jeunes gens, deux garçons et une fille. Ils étaient particulièrement bruyants, parlaient et riaient fort. La fille semblait disponible pour les deux garçons. L'un des deux était un grand brun, à la peau bronzée, aux pectoraux bien entretenus. Il lissait constamment ses cheveux rejetés en arrière et portait un collier en argent autour du cou. Il avait tout à fait le genre du séducteur des plages, et devait plaire à toutes les filles. Il devait avoir 25 ans et semblait sûr de sa prestance. Dès la première minute il avait remarqué Mathilde. Aussi passait-il à tout moment devant leur tente, leur faisait des signes, adressait des petits sourires à Mathilde. Il avait remarqué que Mathilde et Antoine ne formaient pas vraiment un couple d'amoureux transits. Non loin de leur tente se trouvait une piste de danse et le deuxième soir après leur arrivée il y avait une animation dansante. Malgré Antoine qui ne se sentait pas bien, depuis son arrivée il avait un mal de cœur tenace et, en plus, il avait attrapé un coup de soleil, Mathilde insista pour y passer la soirée.
Depuis près d'une demi-heure, Mathilde dansait avec leur voisin. Autant Mathilde était blonde, avait la peau claire et les yeux d'un bleu transparent et lumineux, autant lui était brun et avait le regard sombre. C'était réellement un bel homme et Antoine remarqua que Mathilde n'était pas insensible à sa beauté et se montrait attirée par lui. A la fin de l'une des danses elle vint lui demander de danser avec elle. Antoine qui se sentait très las refusa de la rejoindre. Agacée par son refus, elle retourna vers son cavalier à qui la scène n'avait pas échappé et qui se sentit encouragé. Il la saisit par la taille et l'attira vivement contre lui. Mathilde entoura son cou de ses bras.
A ce spectacle Antoine se sentit désemparé. Que pouvait-il faire ? Mathilde acceptait avec plaisir le contact étroit de son partenaire. Elle était adulte et savait ce qu'elle faisait. Et puis il n'allait pas l'arracher des bras de son cavalier et faire un esclandre. Il se sentit tout à coup de trop, sans intérêt. Le mieux pour lui était de retourner dans sa tente.
Antoine ne parvenait pas à dormir. D'ailleurs l'aurait-il voulu que le bruit de la musique l'en eut empêché. Quelques heures plus tard, il devait être 1 ou 2 heures du matin, il retourne vers la piste de danse et les voit toujours ensemble. Ils étaient collés l'un à l'autre, leurs lèvres étaient proches les unes des autres. Lui avait une de ses mains sur sa hanche et la maintenait fermement contre lui, l'autre était posée sur ses fesses, remontait parfois vers ses seins et après une légère caresse redescendait à sa position initiale. Mathilde paraissait totalement abandonnée à son plaisir immédiat dans les bras de cet homme.La musique, la chaleur, l'ambiance sensuelle régnant sur la piste de danse où évoluaient des couples étroitements enlacés, le flot de paroles de son cavalier l'avaient transporté sur une autre planète. Elle était sous le charme. Un léger vent amoureux tournait autour d'elle et soulevait par moments sa robe légère. L'un contre l'autre ils sentaient leur jeunesse. " Est-ce que j'existe encore pour elle en ce moment ? " se demanda Antoine.Mais dans cette nuit d'été Mathilde elle n'écoutait qu'une voix et la promesse d'amour qu'elle instillait dans son corps. Seul l'instant présent comptait pour elle . D'Antoine il ne restait plus, alors, qu'une minuscule image floue perdue dans sa mémoire. Cette image resurgissait par brefs instants et provoquait en elle un imperceptible mouvement de recul, vite maîtrisé par son partenaire. Elle s'était évaporée dans la chaleur de la nuit.
Sa décision fut prise : dès les premières heures du jour il rentrerait chez lui. Quand il se leva, Mathilde dormait. Il l'avait entendu rentrer dans la tente 2 ou 3 heures plus tôt et avait feint le sommeil. Alors que, sans faire de bruit, il rangeait ses affaires il se souvint qu'ils avaient mis dans un même sac leurs papiers, billets de train, argent et clés. Ce sac était dans les affaires de Mathilde et il ne pouvait la réveiller. Mécontent, il se résigna à attendre. Il déplia son sac de couchage et se coucha. Antoine gisait à terre, deux jeunes motards l'avaient pris à partie et l'avaient roué de coups. Mathilde était près de lui, le consolait avec des mots doux et nettoyait ses blessures. Une douleur vive à l'épaule lui fit ouvrir les yeux. Mathilde, assise près de lui, le regardait avec un sourire radieux, joyeuse. Il s'était assoupi et avait fait un mauvais rêve. Tout en lui reprochant d'être encore couché alors qu'il faisait un temps magnifique, elle lui donna plusieurs petits baisers sur la bouche, sur le nez, sur le front, sur son épaule encore rougie par le coup de soleil reçu la veille. Elle le retourna sans ménagement et appliqua sur cette épaule une crème apaisante qu'elle était allée acheter dans une pharmacie proche. Antoine était perplexe. Face à tant de prévenances il n'eut pas le courage de faire part de sa décision de partir à Mathilde.
Ils passèrent la journée à se baigner, prendre le soleil et se promener. Le soir à 20 heures ils dînèrent d'une salade variée que Mathilde avait préparée. Le coup de soleil ne laissait pas de répit à Antoine qui alla s'allonger dans la tente et prit un livre. Mathilde feuilletait un magazine, assise devant la tente. Alors que la nuit commençait à tomber Antoine entendit les chuchotements d'une voix d'homme auxquels répondaient ceux de Mathilde. La conversation semblait animée. Après quelques instants il entendit Mathilde se lever et partir. Elle n'était pas seule. Antoine sortit de la tente et aperçut les silhouettes de Mathilde et de leur voisin qui s'éloignaient dans la pénombre. Il enfila un pantalon, mit des chaussures et sans réfléchir décida d'aller voir ce qu'ils faisaient. Après avoir cherché quelques minutes il les aperçut non loin dans l'obscurité. Mathilde était plaquée debout contre un arbre. Son compagnon avait saisi ses deux mains, s'était collé à elle, sa poitrine écrasait ses seins. Il tentait de lui donner des baisers sur la bouche, sur les joues, sur le cou. Mathilde résistait. Alors qu'il avait décidé d'intervenir Antoine vit Mathilde passer ses bras autour du cou du garçon, sa résistance était vaincue. Il s'était emparé de sa bouche, avait retroussé sa robe légère jusqu'en haut de ses cuisses, l'avait saisie par les hanches et frottait nerveusement son sexe gonflé de désir contre son ventre. Antoine fit demi-tour et partit. Sur un morceau de papier posé dans la tente il avait inscrit : " Je rentre à la maison ".
Alors qu'il quittait le camping, se retournant pour jeter un dernier regard en arrière, il aperçut Mathilde qui se dirigeait en courant vers leur tente. Dans un sursaut elle s'était dégagée de l'étreinte de cet homme, affolée et troublée par son impérieuse ardeur. Dans la moîteur de la nuit étoilée son corps juvénile réclamait l'amour charnel, mais l'image d'Antoine et la brusquerie du garçon l'avaient retenue.
Antoine était parti, ils ne devaient se revoir que 10 ans plus tard.
A ses parents étonnés Antoine justifia son retour anticipé par la nécessité de préparer le concours d'entrée à l'école nationale de la santé publique qui devait avoir lieu en octobre. Bien que pendant ses années de lycée il ne se soit jamais montré attiré par la médecine, depuis un an le monde hospitalier l'attirait et ce concours constituait une porte d'entrée.
En attendant d'intégrer cette école il avait obtenu par l'intermédiaire d'une amie un remplacement comme maître auxiliaire pour l'année scolaire 1972/1973. Il trouva une chambre en location dans le 12 ème arrondissement et s'y installa aussitôt. Il lui fallait absolument s'éloigner de ses souvenirs, de son amie volage.
Paris au mois d'août est une ville agréable. La circulation y est plus facile, les gens sont moins pressés et paraissent plus disponibles, moins renfermés sur eux-mêmes. Les touristes y apportent une touche d'exotisme charmante. Mais quand on a le cœur gros, qu'on n'a plus le goût aux choses de la vie, même les lieux les plus beaux du monde paraissent mortels.
Ce mois d'août fut atroce pour Antoine. Il était envahi en permanence par un sentiment de tristesse. Comme un brouillard d'automne, une langueur mortelle s'était répandue en lui. Plein du dégout des choses il tournait dans sa chambre. Se sentant fatigué il se mettait au lit.Parfois assis dans un jardin public il pensait à Mathilde, restée seule dans ce camping. Il l'imaginait dans les bras de cet homme, dans son lit. Il le voyait sur elle, il le voyait en elle. Sa souffrance était si forte que parfois il en avait des nausées. Antoine avait lu une étude qui montrait une augmentation importante, depuis quelques années, du nombre de suicides chez les jeunes de moins de 25 ans. Si une telle pensée ne lui venait pas à l'esprit, il comprenait que dans de tels instants des jeunes gens, à peine sortis de l'adolescence, se sentant à bout et ne parvenant pas maîtriser une trop forte déception puissent être poussés à cette ultime extrémité. Totalement absorbée par les méandres de sa relation amoureuse naissante, Mathilde pouvait-elle entendre la plainte d'amour d'Antoine? L'amour est long, la nuit est courte et Mathilde avait fait son choix.
L'arrivée du mois de septembre fut pour lui une délivrance. Il devait préparer la rentrée scolaire et se jeta avec frénésie dans le travail.
Au retour de ses vacances Mathilde, qui avait obtenu les coordonnées d'Antoine par sa sœur, chercha à le joindre de nombreuses fois par téléphone, lui laissa des messages sur son répondeur. Antoine coupait instantanément, sans répondre, la communication quand il entendait la voix de Mathilde.
Dans le courant du mois d'octobre il reçut une lettre de Mathilde. Elle lui racontait qu'elle avait été enceinte et qu'elle venait de subir un avortement. Cette épreuve avait été pour elle un vrai traumatisme et avait avivé son amour pour lui. Elle avait besoin de lui, de son amour. Dans son exaltation juvénile elle ajoutait que, sans lui, la vie ne valait pas la peine d'être vécue et qu'elle se languissait d'amour pour lui. Sans soleil les fleurs ne s'épanouissent pas, les fruits ne mûrissent pas. " Je peux exister que par toi. Sans ton amour je ne pourrais vivre " ajoutait-elle. Le trop-plein d'amour de Mathilde s'était répandu sur sa correspondance dans un flot sans fin de paroles.
La solitude! la solitude! clamait alors Léo Ferré.
Cette lettre conforta Antoine dans sa décision. Elle s'était abandonnée dans les bras du premier bel homme qui s'était montré entreprenant. Elle avait passé tout un mois avec lui. Sa folie amoureuse avait dû être bien grande pour qu'elle en oublie toute précaution. Toutes ses nuits, ne connaissant personne dans ce camping, elle les avait sans doute passée dans le lit de cet homme. Peut-être l'avait-il laissé tomber et maintenant elle voulait revenir vers lui, pensait-il. Ce qu'elle avait fait une fois, peut-être sous l'emprise des circonstances, elle le refera. Souffrir par ceux que l'on aime est le pire des châtiments, pensait-il. Aussi valait-il mieux s'en prémunir. Non vraiment il ne ferait pas siennes les paroles du chanteur du temps des cerises qui, ne craignant pas les peines cruelles, acceptait l'idée de souffrir un jour pour les yeux d'une belle. Une femme en un jour avait désolé sa jeunesse, mais une autre fois on ne l'y reprendrait pas.
Antoine ne percevait pas sa part de responsabilité dans son échec sentimental. Mathilde était une jeune fille douce, tendre et sans complication. L'amour qu'elle ressentait pour Antoine était sincère. Cependant sa féminité épanouie attendait inconsciemment plus qu'une simple relation platonique, et cela il ne l'avait pas compris. Alors quand, dans ce cadre estival, se présenta à elle un homme empressé et séduisant, qui se montra en accord avec ses sens, elle se laissa doucement dériver vers les rives du plaisir charnel et ce que lui fit découvrir ce premier amant fut infiniment plus fort et intense que ce qu'elle avait pu imaginer.
Antoine revit Mathilde en septembre 1982. Il venait de sortir d'une réunion et se trouvait debout dans le métro. Son métier ne lui déplaisait pas, il lui procurait une situation matérielle confortable, mais au fond de lui-même il avait toujours su que ce n'était là qu'il aurait pu donner la pleine mesure de lui-même. Antoine aimait la peinture et périodiquement il réalisait des tableaux. Il utilisait la peinture acrylique qu'il trouvait plus simple d'utilisation que la peinture à l'huile. Il peignait des portraits et plus fréquemment des tableaux abstraits où il aimait faire des combinaisons de couleurs et de formes. Kandinsky était un de ses peintres favoris. Chaque fois qu'il avait l'occasion de découvrir un tableau de ce peintre qu'il ne connaissait pas, il se disait avec irritation qu'il avait déjà peint ce que lui-même aurait voulu faire. Perdu dans ses pensées il n'avait pas prêté attention à ses voisins. Il entendit une première fois son prénom, à la seconde fois il tourna la tête et vit Mathilde à côté de lui. Son visage avait acquis une maturité grave qui la rendait encore plus belle. Il resta figé de surprise face à elle. " Mathilde, mon dieu que tu es belle ! " s' exclama-t-il. Ces mots étaient sortis de sa bouche spontanément. Près d'eux une petite dame âgée, touchée par cette spontanéité, leur sourit les regardant avec une tendresse mélancolique.
Ils sortirent du métro. Dehors des nuages sombres et lourds couraient le ciel et libéraient sur la ville agitée une pluie fine. Mathilde se serra contre lui sous son parapluie. Ils marchèrent longtemps bras dessus bras dessous. Ils parlèrent peu. Une joie discrète et silencieuse était en eux. Une douceur profonde les avait saisis.Ils étaient heureux de se sentir l'un près de l'autre, de retrouver les sensations de leur première jeunesse. Ils auraient voulu se prendre dans les bras l'un de l'autre, rester ainsi immobiles, attentifs au seul contact de leurs corps, mais pour cela il aurait fallu que l'un des deux ose. L'heure n'était pas venue. Autour d'eux les piétons se hâtaient en tous sens, les automobilistes s'énervaient du surcroît d'embarras provoqué par la pluie. Mathilde et Antoine étaient indifférents à cette agitation. Ils eurent au même moment la même envie de se raconter et s'assirent dans le premier café qui se trouvait sur leur chemin.
Elle lui raconta combien elle avait pleuré et combien elle l'avait détesté lorsqu' en ce funeste automne de 1972 il n'avait pas répondu à ses nombreux appels et messages. Plus elle pensait à lui, plus son aversion à son égard grandissait.
Avec la candeur et le naturel qui étaient toujours les siens, parlant comme à un confident, elle lui raconta sa vie, son métier qui la faisait côtoyer beaucoup de gens du monde des spectacles. Elle avait connu beaucoup d'hommes, eu de nombreux amants. Elle était très courtisée et pourtant elle se sentait seule. Pendant son adolescence Antoine avait rempli la totalité de ses rêves, de ses pensées. Qu'il soit l'homme de sa vie était alors pour elle une évidence. Ses rêves d'adolescente ne se seront pas réalisés, elle avait perdu l'être aimé. Elle n'avait pas trouvé cet autre homme avec qui elle aurait voulu faire sa vie, avoir les enfants que son désir de maternité attendait. Elle avait pourtant été enceinte deux fois, mais elle ne concevait des enfants que dans le cadre de l'équilibre d'un couple avec la présence d'un père et d' une mère. En fait inconsciemment elle souhaitait retrouver la douce quiétude dans laquelle elle avait grandi au milieu de ses parents. L'expérience des couples éclatés de son entourage l'avait définitivement convaincue sur ce point. Par deux fois elle avait du interrompre sa grossesse. Elle aimait follement le plaisir fulgurant qu'elle ressentait sous l'étreinte virile d'un homme, mais quand elle se retrouvait seule dans son lit elle ressentait parfois le besoin d'un homme sur lequel elle puisse se reposer, qui l'envelopperait de son amour, qui la protégerait. Dans ses moments de tristesse elle pensait toujours avec amertume à son amour perdu.
Elle s'arrêta de parler et le regardant avec un serrement de cœur lui demanda pourquoi il l'avait abandonnée 10 ans auparavant.
A cette question Antoine se raidit. " Comment aurais-je pu rester dans ce camping, sous la même tente que toi alors qu'en t'abandonnant dans les bras d'un inconnu, certes beau, tu m'avais percé le cœur ? ", Lui dit-il. " As-tu pensé alors un seul instant à mon tourment ? " Il lui raconta combien après son départ du camping l'image d'elle dans les bras de cet homme l'avait torturé. Il avait acquis la conviction qu'il n'était pas l'homme qu'il lui fallait, que son amour pour lui était aussi léger qu'un fétu de paille.
Sa vie sentimentale n'avait pas été au diapason de sa vie professionnelle. Il avait bien eu quelques liaisons passagères. Il lui semblait que son cœur était devenu comme un vieux tronc d'arbre desséché, à terre, incapable de donner à nouveau la moindre vie, un chambre vide depuis longtemps abandonnée.
Ils décidèrent de se revoir. En le quittant Mathilde lui donna un baiser sur ses lèvres. Antoine lui avait fait goûter du marsala à l'œuf, vin cuit sicilien arômatisé au jaune d'œuf sucré. Les lèvres de Mathilde avaient un goût exquis de fruit mûr. Ce baiser léger et tendre scellait leurs retrouvailles.
Pendant près d'un an ils se retrouvèrent une à deux fois par semaine. Ils allaient souvent au cinéma, au théâtre. Elle venait régulièrement chez lui. Il habitait un grand deux pièces clair et relativement calme dans le XIV ème arrondissement. Elle s'installait dans sa cuisine et lui préparait des repas pour plusieurs jours. Elle trouvait qu'il avait des mauvaises habitudes alimentaires et elle voulait les corriger. Ils faisaient également l'amour. Tenir son corps nu, lisse et souple dans ses bras était pour Antoine un émerveillement. Et puis ce qu'il aimait pardessus tout c'était sa poitrine : caresser, embrasser, lécher, se noyer dans ses seins biens ronds et toujours fermes. Mathilde pratiquait régulièrement la natation et la nage sur le dos lui musclait les pectoraux et maintenait ferme sa poitrine. Pour Antoine les seins étaient le signe premier de la féminité. La proéminence de la poitrine chez la femme, au contraire de ce que l'on observe chez les autres primates qui n'ont pas besoin de mamelles rondes pour allaiter leur petit, est une question au sujet laquelle Antoine avait lu plusieurs articles scientifiques contradictoires. La théorie en laquelle croyait Antoine est que cette proéminence des seins avait pour fonction de donner un signal sexuel, d'attirer le regard de l'homme, d'aviver le désir masculin. Chez la plupart des primates les organes sexuels de la femelle sont visibles au mâle et ils le renseignent sur l'état de fécondité et de chaleur de la femelle. Chez la femme les organes sexuels sont dissimulés entre les jambes. Le développement des seins aurait ainsi compensé cette absence de vue.
Tout alla très bien jusqu'en ce jour du mois où les fraises sont mûres . Au cours d'un vernissage, Mathilde revît un ancien ami. C'était un grand antillais séduisant, au teint clair et à l'allure sportive, ancien collègue de travail, lui dit-elle, qui était retourné en Martinique il y a 3 ans et venait de rentrer depuis peu de temps à Paris. Ils avaient beaucoup de choses à se raconter, inintéressantes pour Antoine, aussi Mathilde lui proposa-t-elle de continuer la visite seul. Ils se retrouveraient à la sortie.
Antoine en eut fini en une demi-heure, il attendit près de la sortie pendant quelque temps et ne la voyant pas il fit demi-tour. Il les aperçut toujours au même endroit. Lui parlait et riait beaucoup. Il agitait ses mains dans tous les sens, effleurant tantôt l'épaule de Mathilde, tantôt ses hanches, tantôt lui prenant la main qu'elle retirait avec une moue faussement réprobatrice. Une ombre traversa l'esprit d'Antoine.
Comme il avait soif il sortit de la galerie et s'installa dans un café se trouvant en face de la sortie, de l'autre côté de la rue.
Quelques instants plus tard, Antoine les vit sortir de la galerie et au moment de la quitter son compagnon saisit Mathilde vivement par les hanches et plaqua sa bouche sur la sienne. Après un premier mouvement de recul, Mathilde, les bras ballants, se laissa envahir par la force du désir qui émanait de son ami. Elle se dégagea néanmoins de l'étreinte et se dirigea rapidement vers le métro.
Peu après Antoine sortit du café. Il n'avait pas envie de rentrer chez lui. Depuis quelques mois il avait décidé de se laisser tenter par l'achat d'une de ces nouvelles chaînes hi-fi dont on vantait les qualités. Il décida donc d'aller à la Fnac qui ce jour là était ouverte jusqu'à 22 heures.
Plus tard dans la soirée, Mathilde qui avait déjà laissé un message sur son répondeur l'appelait. Elle était inquiète. Elle ne l'avait pas trouvé à la sortie de la galerie. Elle était passée chez lui en vain. Il lui expliqua qu'à la fin de sa visite, l'ayant vu avec son ami antillais toujours en discussion, il avait préféré les laisser seuls et avait décidé d'aller faire un achat. Il lui donna rendez-vous pour le week-end prochain.
Le samedi suivant Antoine était chez Mathilde. Elle avait pris deux places pour le Trouvère de Verdi qui passait à l'Opéra-Bastille. Alors qu'elle se préparait dans sa salle de bains le téléphone sonna. Elle lui demanda d'aller répondre. En se levant il renversa sur son pantalon le verre de marsala qu'il buvait. Mathilde avait pris l'habitude d'acheter cet apéritif qu'Antoine aimait. Le répondeur se mit en route. Il reconnut la voix caractéristique de l'ami antillais de Mathilde lui confirmant un rendez-vous dans la brasserie non loin de chez lui. Antoine dit à Mathilde qu'il n'avait pu répondre au téléphone tout occupé qu'il était à nettoyer son pantalon.
C'était un mardi et la brasserie était déjà bien remplie, très bruyante et l'atmosphère déjà pesante. Antoine s'installa dans une place au fond de la salle qui lui permettait d' avoir une vue d'ensemble Mathilde arriva quelques minutes après son ami. Antoine eut un choc: jamais il ne l'avait vue ainsi habillée, maquillée, coiffée. Depuis 10 mois qu'ils se fréquentaient, elle portait invariablement des pantalons, des jupes mi-longues amples, qui, s' ils étaient d' excellente qualité, ne mettaient pas en valeur ses formes à la fois fines et épanouies. Sa coiffure se limitait à une queue de cheval. Mathilde portait une minijupe de cuir noir et des sandales noires à talons hauts, qui soulignaient la finesse de ses jambes, un débardeur décolleté en soie rouge laissant apparaître la blanche pâleur de ses seins délicats et fiers comme des fleurs. Son maquillage donnait encore plus d'éclat à sa beauté et lui donnait une touche de provocation. Tout en elle était sensualité et appel à l'amour. Mathilde eut un sourire malicieux. A la bosse qu'elle vit au pantalon de son ami, qui s'était levé pour la saluer, elle put constater son émoi et voir que le message que son corps lui adressait était bien reçu.
Toute la durée du repas fut un supplice pour Antoine. Il les voyait si contents d'être ensemble. Les mains du garçon étaient sans arrêt en mouvement. Il lui caressait les mains, les joues. Parfois l'une de ses mains s'aventurait discrètement sous sa jupe et remontait lentement vers le haut de ses cuisses là où la peau se fait plus fine , douce et chaude . Il parvenait à effleurer du bout de ses doigts l'entrée de tous ses désirs. Mathilde se montrait très réceptive à ces attouchements et semblait même les attendre.
Les minutes sont longues à celui qui souffre. Lorsqu' ils se quittèrent, Antoine vit avec tristesse le baiser ardent et profond qu'ils échangèrent. Les lèvres épaisses et charnues du garçon mangeaient la bouche de Mathilde. C'était à la fois une prise de possession et un abandon. Les bras, qu'elle avait passés autour de son cou, formaient comme un collier d'amour. Antoine était pétrifié et se sentait entraîner inexorablement dans un gouffre, impuissant à freiner sa chute. Ainsi donc, 10 ans plus tard il se retrouvait au même point et avait ce même sentiment d'insignifiance. Le mal est sans espoir aussi valait-il mieux le taire, pensa-t-il.
Le lendemain il décida d'écrire à Mathilde.
La journée avait été chaude et même un peu étouffante. En cette fin de journée un petit vent frais entrait par la fenêtre entrouverte de sa chambre. D'un appartement voisin lui parvenait la voix plaintive de Jacques Brel pleurant sa Fanette :
Nous étions deux amis et Fanette m'aimait La plage était déserte et mentait sous juillet Si elles s'en souviennent les vagues vous diront Comment pour la Fanette s'arrêta la chanson.
Machinalement Antoine poursuivait dans sa tête :
Faut dire Faut dire qu'elle était belle Comme une perle d'eau Faut dire qu'elle était belle Et je ne suis pas beau Faut dire que j'étais fou de croire à tout cela Je le croyais à nous Je la croyais à moi
Il mît près de 2 heures à faire sa lettre. Alors qu'il écoutait la 5 ème symphonie de Mahler il eut envie d'enregistrer la lettre et d'envoyer la cassette à Mathilde. Quant il eut fini Antoine se sentit soulagé. Il appréhendait la dramatisation inévitable d'une discussion face à face.
Le vendredi suivant Mathilde sortit de son travail à 18 heures. En allant prendre le métro elle passa devant un magasin de lingerie féminine. Elle vit en vitrine un ensemble soutien gorge- culotte- porte jarretelles couleur cerise qu'elle voulut essayer et acheta. Pendant son trajet en métro elle pensait aux moments voluptueux qu'elle allait vivre dans la soirée. Son ami antillais avait été son amant 5 ans auparavant et elle avait un souvenir très précis de ses qualités amoureuses.
Elle arriva chez elle dans un état de grande excitation. Dans sa boîte aux lettres elle trouva au milieu de factures et prospectus divers le paquet contenant la cassette d'Antoine. Elle posa le tout sur sa table et alla dans sa salle de bains. Après avoir pris une douche, s'être longuement maquillée, coiffée, parfumée, elle mis les sous-vêtements achetés une heure auparavant. Devant sa glace, avec un sourire de contentement elle se dit qu'ils mettaient bien en valeur ses charmes. Ses cheveux blonds rejetés sur le coté gauche tombaient en ondulant sur son épaule et laissaient apparaître sur l'autre côté un pendant d'oreille dont le rouge sombre rappelait celui de ses lèvres. Elle mit un ensemble tailleur minijupe de couleur noire. Le bas de la jupe était terminé par une dentelle fine. La veste épousait parfaitement la forme de son corps et laissait apparaître le haut de ses seins ronds qui semblaient vouloir s'échapper de leur écrin. Elle portait des escarpins à talons aiguilles qui creusaient la cambrure de ses reins, projetant en avant sa poitrine et accentuant le galbe de ses fesses. Autour de sa cheville droite elle avait mis des petites pastilles autocollantes dorées qui, à chacun de ses mouvements, étincelaient comme autant de petites lucioles. Qui pourrait lui résister ? Un moine tibétain peut-être pensa-t-elle avec un sourire.
Son amant lui avait donné rendez-vous dans un restaurant mexicain. Il venait périodiquement dans ce bar-restaurant fréquenté par nombre d'antillais. Il était particulièrement fier de s'y montrer avec une magnifique blonde et pour bien montrer qu'elle était à lui il tenait sa main dans la sienne. Ils mangèrent rapidement, portant peu d'attention à ce qu'ils mangeaient tellement leur esprit était tendu vers ce seul objectif : se retrouver seuls, corps contre corps, peau contre peau, l'un sur l'autre, l'un dans l'autre. Ils quittèrent le restaurant à la hâte tellement ils n'en pouvaient plus d'attendre.
Ils firent l'amour pendant 4 heures presque sans discontinuer faisant juste quelques pauses pour reprendre leur souffle et se rafraîchir. La première fois Mathilde eut une jouissance brève et fulgurante tellement l'attente avait été longue et l'excitation grande. A peine arrivés dans l'appartement de son amant ils se jetèrent dans les bras l'un contre l'autre. Les lèvres charnues du garçon enveloppaient la bouche de Mathilde. Ils s'embrassaient avec fougue et voracité comme s'ils voulaient se dévorer. Leurs lèvres se mélaient les unes aux autres. Tantôt blanc, tantôt noir. Leurs langues s'enlaçaient, s'aspiraient, se repoussaient.Il avait dégagé de leur berçeau les seins pigeonnants de son amante et les petrissait fébrilement.. Mathilde avait collé son bas-ventre contre le sexe tendu à l'extrême et palpitant de son amant. Une de ses mains était descendue vers l'unique objet de ses désirs et après s'être introduite dans son pantalon l'avait agrippé avec un soupir de joie. Son sexe était long et dur comme un pal. Il se plaça derrière elle, remonta d'un geste impétueux sa minijupe, fit glisser sa culotte, l'inclina, écarta ses jambes. Leurs sexes étaient face à face. Mathilde tendait sa croupe au maximum vers le sexe de son amant. Au premier contact les lèvres de sa vulve, qui attendait avec impatience cette pénétration, s'étaient ouvertes instantanément et la colonne chaude de son amant s'était installé de toute sa longueur en elle. Mathilde l'accueillit avec un petit cri d'amour. Ils restèrent immobiles quelques secondes savourant le plaisir de la première pénétration.Mathilde était surprise par l'intensité de son propre désir, enivrée par le goût de cette peau, par l'odeur de cet homme qu'elle retrouvait 3 ans plus tard.. Quant à lui, l'antillais, la pensée d'être à ce point désiré par une si belle blonde, courtisée par bien des hommes, décuplait son désir. Son bas ventre frappait avec force contre les fesses de Mathilde. Il accompagnait chacune de ses poussées d'un grognement de satisfaction. La puissance de ses va-et-vients ne semblait pas faire mal à sa maîtresse. Les seins de Mathilde étaient ballotés au rythme des secousses. Dans le calme absolu de la nuit on n'entendait que les claquements des coups de boutoirs mêlés aux soupirs des deux amants. Lorsqu'il faisait une pause, Mathilde continuait les va-et-vients avec des mouvements circulaires du bassin qui affolaient son amant qui tentait de retarder au maximun la montée de sa sève.Quand il retira son sexe il était encore tendu à l'extrême. Il avait l'impression qu'il pourrait jouir indéfiniment avec cette femme. La retournant vers lui il lui prit à nouveau la bouche et debout l'un contre l'autre ils se déshabillèrent lentement. Il la souleva nue dans ses bras, surpris par sa légèreté, et la porta dans sa chambre. Il la déposa délicatement sur son lit et se laissa tomber sur elle. Son sexe trouva instantanément le chemin de la grotte tant désirée.
Lors de cette deuxième étreinte ils prirent le temps de sentir leur désir. Ils explorèrent leur corps avec leurs mains, leur bouche, leur langue. Les petits baisers, semblables à des picotements, qu'il lui donnait sur ses fesses, son dos, sa nuque, ses cuisses la faisaient frissonner. Il lui mordillait délicatement le lobe des oreilles, les tétons. Il frottait son sexe entre ses seins, entre ses fesses, sur son sexe. C'était merveilleux. Pendant qu'il la chevauchait sa bouche plaquée à la sienne, Mathilde accompagnait les sublimes secousses de son amant d'une légère plainte d'amour. Il était sur elle. Elle dansait sur lui. Dans cette sarabande amoureuse ils tentaient l'impossible fusion du blanc et du noir. Il était son étalon, elle était sa pouliche. L'animal était en eux. Il était le mâle et elle la femelle. Le bassin de Mathilde était parcouru de vibrations. Elle était secouée par le flux et le reflux des ondes de plaisirs.Ses mains comprimaient les fesses de son amant, les pressaient contre elle pour qu'il puisse entrer plus loin, plus fort en elle. Elle aspirait en elle ce sexe tant désiré. Mathilde se sentait emportée par une houle déferlante de plaisir qui la submergeait. Quand il déversa sa lave bienfaitrice en elle, elle eut une explosion volcanique qui la libéra de sa tension nerveuse. Son cri résonna dans le calme de la nuit. Une ultime onde de jouissance traversa tout son corps. Elle avait joui plusieurs fois de suite. Leur jouissance fut simultanée et dans un ultime choc de leurs ventres ils restèrent soudés l'un à l'autre. Boucles blondes, boucles noires étaient emmêlées. Alors qu'il restait figé au-dessus d'elle, les mains crispées sous ses fesses, elle serrait son amant contre elle à s'en étouffer Le sexe long et vigoureux de son amant remplissait totalement le sien. Il était parfaitement ajusté au sien. Un sexe pareil était fait pour elle. En de tels moments rien d'autre que l'exaltation de son corps et la volupté sauvage de la possession sexuelle n'existaient pour elle. Apaisée, elle lui demanda de rester en elle, elle aimait sentir en elle ce membre encore raide et chaud. Ils restèrent longtemps l'un dansl'autre. Elle avait là un amant merveilleux, fougueux, endurant et attentif à son plaisir, ce qu'elle n'avait pas toujours connu avec bien des hommes qui l'avaient possédée, uniquement préoccupés par leur seul plaisir.
La chambre ressemblait à un vrai champ de bataille, leurs vêtements jonchaient le sol, le lit n'était plus qu'un amas de draps et de coussins. Il alla chercher dans son réfrigérateur deux glaces dont la fraîcheur leur fit du bien. Ils n'avaient pas encore totalement apaisé leur faim d'amour, le désir était toujours là en eux. Le mélange de leurs odeurs, parfum discret et subtil de Mathilde, transpiration, sécrétions sexuelles, agissait sur eux comme un aphrodisiaque. Alanguie et complètement abandonnée près de son amant, Mathilde voyait se redresser lentement et inexorablement son sexe et avec des caresses légères et délicates elle encourageait sa montée. Malgré les réticences de Mathilde son amant entreprit de forcer le passage de ses reins. Il entra en elle avec lenteur et délicatesse. Son sexe dur réduisait progressivement la résistance de ses muscles internes. Elle eut un peu mal, tellement il était fort. Mais une fois en place il resta immobile en elle. Alors une douce chaleur se répandit progressivement sur son bas-ventre et ce fut avec plaisir qu'elle le sentit reprendre ses mouvements. Pendant la saillie de son amant elle se caressait le clitoris. Aussi eut-elle une double jouissance.
A la fin, ils eurent envie de remercier leur sexe de tout le bonheur et de toute la jouissance reçus. Ils se donnèrent successivement du plaisir avec leur bouche. Il s'était placé tête-bêche au dessus d'elle.Elle avait happé avec gourmandise les deux boules bien rondes qui pendaient sous son sexe. Elle parcourait la chaude colonne de petits baisers, sa langue taquinait le bout de son sexe. Lui avait si bien lutiné son bouton d'amour avec sa langue et aspiré sa vulve gonflée de désir. Sa vie était toute entière dans le présent, elle aimait.Vers trois heures du matin, totalement satisfaite et comblée, Mathilde demanda à son amant de la raccompagner chez elle. Lui avait voulu qu'elle passe la nuit avec lui.