Page 1 sur 1

Chambre

MessagePosté: 25 Fév 2004, 14:40
de Janus
Cette histoire n'est pas vraiment la nôtre. Il manque trop de lettres à L. et H. pour faire de ce texte un témoignage d'amour et d'affection, comme à mon habitude (du moins est-ce ainsi que, je l'espère, tu perçois ma prose). Tu m'as demandé si les fantasmes pouvaient te réduire à un objet. Ici c'est le cas, mais, comme dans un rêve, ce n'est pas tout à fait de nous dont il s'agit.

H. attendait depuis maintenant près d'une heure, assise sagement sur le lit. Elle avait trouvé le message de L., catégorique et sans appel, qui l'invitait à se présenter dans cette chambre d'un hôtel sordide de Pigalle. Elle avait traîné un peu, flânant devant les devantures, les étalages de cuirs sur les mannequins blancs. Cela la rendait ivre, en quelque sorte. A l'entrée, on lui avait simplement donné la clef, sans autre formalité.

Conformément aux instructions de la lettre, elle s'était déshabillée entièrement. Sa gorge se serrait de plus en plus à attendre ce qu'elle ne savait pas, ce qui serait la surprise de son amant. Avant même de le voir, elle avait déjà tout accepté, comme toujours. Elle avait envie de se masturber mais il le lui avait formellement interdit. Cependant, si elle l'avait fait, il l'aurait puni encore plus et, rien qu'à penser cela, son sexe s'agitait, devenait le gouffre, le creux de son absence.

Puis la porte s'ouvrit, livrant passage à un homme. Il était laid. Nous l'appellerons l'autre. Il n'était pas très grand mais large du torse et des épaules, avec de grandes mains. Son visage était tavelé de cicatrices d'acné, couvert de poils retors. Sans doute un travailleur immigré, espagnol ou maghrébin. Elle n'avait pas le droit de le mépriser, non, cela aurait été injuste.

L. suivait juste derrière. Il referma la porte sans dire un mot. H. le supplia. Elle fit cela sans dire un mot, juste avec les yeux, pour que ses reproches, si quelque fois elle avait parlé, ne rendent pas son supplice plus pénible encore. Elle avait honte de sa nudité, honte de ne pas se montrer à la hauteur de ce qu'exigeait son amant. L. s'assit calmement, en spectateur.

L'autre s'approcha d'elle. Il lui parla dans une langue dont elle ne comprit pas un traître mot. Il pouvait être turc ou roumain, après tout. Elle imagina qu'il lui disait des mots doux, des mots gentils pour calmer sa peine. C'était mieux que de penser qu'il la traitait de chienne et de traînée.

L'autre baissa son pantalon. Il commençait à bander mais sa verge pendait encore, lourde et rouge avec des veines qui lui paraissait énormes. Il prit l'un des poignets de H. et la força à se saisir de lui et à le caresser. Elle serra et décalotta, comme L. aimait qu'elle fît. Il passa l'autre main derrière sa tête, dans ses cheveux pour l'obliger à le prendre dans sa bouche. L'homme n'était pas très propre, sans doute, son sexe dégageait une odeur d'urine qui l'incommodait mais H. le suça sans hésiter, elle savait que cela plairait à L. Elle s'imagina que c'était le sexe de son amant, qu'il avait juste un peu changé, qu'il était un peu plus gros suite à une opération.

L'homme la repoussa sur le lit. Elle n'était pas prête. Il la fouilla de ses gros doigts à la faire gémir et trembler par la peur, la douleur et l'humiliation. Elle cria quand il poussa ses jambes de part et d'autre pour la prendre. Il n'arrivait pas à la forcer. Il cracha dans sa main, un long jet blanchâtre, pour la lubrifier et, finalement, faire pénétrer le gland. Il progressait lentement en elle, lui arrachant des gémissements à chaque cran. Cela n'allait pas assez vite à son goût alors il la retourna. H. se retrouva face au mur. Elle ne voyait plus son amant mais elle sentait son regard dans son dos. Cette fois, d'un coup, il fût au fond, la faisant crier de nouveau, martelant son vagin. Elle s'imagina qu'il le pliait, le modelait à son goût. Elle eût peur de ce que, transformé ainsi, elle ne soit plus assez étroite pour L.

H. sentit des larmes couler sur ses joues. L'autre lui empoigna un sein pour le tordre, le malaxer et en torturer la pointe. L. la regardait, L. se délectait de la voir possédée ainsi. A cette pensée, elle s'ouvrit enfin. Elle se déversa sur le sexe de l'homme. Son corps s'ouvrit en deux, le long d'une brûlure qui cernait sa colonne vertébral. Pleine de l'homme, elle s'oubliait. Elle n'était plus.

Ils jouirent à l'unisson, longuement.

Quand l'autre se fût reboutonné, qu'il eût quitté la pièce, la laissant sans force, le sexe dégoûtant de sperme, L. vint près d'elle et lui déposa un doux baiser sur le front.