Tu es au cachot depuis deux jours. C'est un lieu obscur dont le sol est vêtu de paille. Tu as droit à un bol d'eau, une écuelle et un carré de jute pour la nuit. Sur le mur, près de toi, un fort anneau de métal noir d'où pend la chaîne qui te retient ici. A ton cou, un gros collier de cuir que j'ai fermé d'un cadenas. Tu n'as pas d'autre parure. Je ne suis venu te rendre visite que pour emplir ta gamelle de brouet. Tu as bu et mangé à quatre pattes sans que j'ai à te le demander. A aucun moment tu n'as osé m'adresser la parole mais je lisais dans tes yeux la peur et l'attente. Tu n'avais même pas le droit de te masturber et je sais combien cette épreuve est pénible pour toi.
Le soir est venu. Tu entends des rires et des voix à l'étage.
Et je suis là, près de toi. Je remplace la chaîne par une laisse en métal. Tu me suis, docile, dans la petite pièce à côté du cachot, celle que tu appelles "salle de torture" avec un rien de dérision. Il est vrai qu'on y trouve un grand chevalet de bois en forme de X, des fouets, martinets, pinces… Je te présente des talons-hauts que tu enfiles aussitôt. Je te demande de placer tes bras devant toi et referme des bracelets sur tes poignets. Je clos ta bouche d'un bâillon de caoutchouc. Tu prends l'escalier à ma suite. J'ai toujours la laisse à la main.
Dans le salon, tu ne peux distinguer que de sombres silhouettes réparties entre le canapé et les fauteuils.
Je te pousse dans la lumière. Tu prends la pose docile que je t'ai apprise, les mains en avant un peu écartées de ton sexe, les paupières baissées. Tes cheveux rouges couvrent à moitié ton visage.
Ton Maître dit :
- Je vous présente ma soumise, son nom est RED.
Quelques soupirs, ces hommes t'admirent ; cette nudité cruelle nous échauffe tous mais c'est à moi que tu appartiens. Il y a de l'envie dans leur souffle. Je te demande de lever les mains au dessus de ta tête pour leur laisser voir ta vulve à moitié rasé. Tu les discernes mieux maintenant, il y a quatre hommes dans la pièce. Je te pousse vers la cheminée, le visage tourné vers les flammes. Les bracelets viennent se fixer à deux crochets placés à chaque extrémité du linteau. Une bûche finit de se consumer dans l'âtre, la chaleur est supportable mais elle couvrira tes joues et tes seins de séduisante couleur. Le blanc des articulations me fait comprendre l'état de crispation qui te tend comme une corde.
J'ordonne :
- Cambre-toi !
Tu nous offres le ravissant spectacle de tes fesses rondes. Tes jambes sont légèrement entrouvertes si bien qu'elles laissent voir à l'extrême de la ligne intérieure des cuisses le pli de ta chatte carmin. Ton émoi en une goutte malicieuse brille sur fond rouge de braise. Mais c'est un autre détail qui attire l'attention d'un des hommes à la chute de tes reins :
- Vous l'avez fait marquer à vos initiales.
- J'ai appliqué le fer moi-même, dis-je avec fierté. Avant de vous l'offrir, j'ai tenu à vous montrer combien elle est docile et prête à endurer les caprices de son Maître.
Je prends la cravache à côté de la cheminée. Au premier coup, violent, en travers de ton dos, je regrette presque la présence du bâillon. Cette fois, tu ne m'honoreras pas de tes cris. Tu sais que tu dois conserver la position, quoi qu'il en coûte. Les coups sont portés des épaules au bas des cuisses. Les stries doivent rester parallèles, je ne tiens pas à te laisser des marques ce soir. Tu trembles, ton dos est couvert de sueur, le moindre contact sur la chair à vif sera un supplice. De grosses larmes se sont répandues de tes joues et sur le bâillon que j'arrache. Tu reprends ton souffle pendant la libération de tes mains. Je t'ai laissé le collier et les chaussures.
- Elle est à vous, dis-je en t'approchant d'eux.
Le premier homme te fait mettre à genoux. Sa verge est tendue. Il saisit tes cheveux, ta bouche l'engloutit. Il imprime le mouvement de la main. Tu le suces docilement, les yeux mi-clos. Le frémissement du désir n'a pas cessé de t'agiter. Tu tentes de l'amadouer de ta langue, tu chatouilles le méat mais l'irruption ne peut attendre, il veut jouir vite et se répand sur ton visage en large traînées blanches. Je te donne un mouchoir en papier. Il a souillé tes cheveux et je prends plaisir à les voir collés par le sperme et la sueur mêlés.
Le deuxième homme te fait coucher sur le dos. Tu serres les dents mais ne dit rien. Il n'a aucun mal à te pénétrer, tu étais prête depuis longtemps. J'ai compris son jeu, il sait comment te faire frémir, comment accorder ton sexe à ses envies et t'amener en roulant des hanches jusqu'au cri, à l'extrême violence de l'orgasme. Tu as attendu longtemps, le plaisir te submerge...
Il ne jouit pas, il se retire, te laisse pantelante et apaisée, le ventre et les seins frémissants. Aux sanglots ont succédé les spasmes.
Le troisième est déjà là. Pour lui, tu dois présenter ton dos. Après quelques coups de reins, sa queue longe ta fente pour buter contre ton anus. Il force un peu mais son sexe est lubrifié. Tu es une fontaine, la source de mon plaisir et il n'est que mon instrument. Tu pousses un cri, graduellement sa chair t'ouvre et t'envahit. Tu es chienne, totalement, dans la brûlure de tes reins. Il râle sa jouissance et la répand en toi.
Ton tourment n'est pas fini, un autre va venir encore te baiser. Quand ce sera fini, ton corps portera l'empreinte de cette nuit, la peau cuisante, les jambes en coton te rappelleront ta condition, mon esclave, ma princesse de feu… Tu le suces et quand il est bien raide, tu places toi-même sa verge entre tes cuisses. Tu veux le faire jouir… tu exerces aussi ton pouvoir mais il désire autre chose. Il demande que l'un d'entre nous vienne l'enculer. Le deuxième invité, celui qui n'a pas jouit, accepte cet office. Il prend place derrière vous. Il y a dans tes yeux un éclat que j'ai déjà vu au plus fort du délire sexuel. Tu as toujours aimé te faire prendre par deux hommes à la fois mais ce n'est jamais arrivé de cette manière là. La sodomie imprime un rythme nouveau à ton partenaire. Je suis sûr qu'il est au plus profond de toi, fouilleur de jouissance comme un chercheur d'or. Et je me sens alchimiste.
L'orgasme vous brise tous les trois à peu de temps d'intervalle.
Que dire du reste de la nuit ? Tu vas de chambre en chambre te livrer à eux, ma docile complice. Dans le salon, je me satisfais d'un cigare et d'un cognac. Parfois, j'entends des coups de fouet ou de mains, des cris entre souffrance et volupté.
Quand les hommes sont partis, que le désordre est lointain, je viens près de toi. Je cherche les mots qui consolent. Ils ne servent à rien me disent tes yeux ivres. Tu devras consigner tout ce qu'ils t'on fait par écrit, mais cela peut attrendre.
Je te fais l'amour en toute simplicité.
Tu n'auras pas de mal à t'endormir après, je crois.