L’IRIS
Ton sexe, mon iris à vif de plein azur,
De fulgurante beauté d’averses folles
Au surgir devant moi d’un seul bond
Pour m’en ouvrir le soleil en deux
Sur l’air qui se moule autour de sa substance.
Ton sexe, mon iris habillé d’écume sur fond de corail
Dans ses sursauts, dans ses frémissements de levraut de printemps
Jusqu’au delà des bords du possible
Sur l’invisible horizon où tout s’efface,
Sous les doigts à te moudre de caresses et d’étreintes.
Ton sexe, mon iris qui voltige mille tourbillons
Comme battements de cœur à claire gorge,
Rayons de sel et de citron sous la peau qui frissonne
De soupirer les paroles bien aimées
Dans le parfum qui coule de ses élans.
Ton sexe, mon iris de moissons qui ruissellent,
Nues en gerbes à la fête des framboises,
Et qui se donnent, déliées, goutte à goutte à mes lèvres
Qui y glanent le réglisse de tes aines en sueur
De soupirer profondément à l’amour.
Ton sexe, mon iris dans sa blondeur,
Harmonieux désordre de dentelle
Tatoué dans ta chair de ventre.
Sous la toison apprivoisée, deux lèvres,
A peine une fissure à porter sur l’extrême.
Ton sexe, mon iris sous la jupe renversée,
Comme une étrave du long cours,
A remonter comme à la pointe de jusant
Dans ma bouche aveuglée
Le lait heureux des étoiles.
Ton sexe, mon iris d’algues bouleversées
A y mettre à la voile en eaux profondes
Pour emporter mon souffle disparaître et renaître
Jusqu’au bout de la nuit qui bourdonne
Dans le bruit flou de la glaise démoulée.
Ton sexe, mon iris de muqueuse fruitée,
Entaille d’à cru la Vie montée
Dans une virevolte dansée de fauve
Qui comme en écho tendu te cabre
A ma propre déchirure désormais assouplie.
Ton sexe, mon iris, fleuve nu qui transpire de nuages et de pluie
A en défaire ses berges, d’écorce vive et de terre d’ombre,
Dans les plis dénoués de la joie d’être belle pour un homme
Qui va pieds nus jusqu’à lever la source du printemps
Dans l’impatience du jouir qui te secoue sous ses branches.
Ton sexe, mon iris crépité d’orties blanches,
Au baiser d’aigle à mon sexe qui l’en supplie,
Dans une brûlure d’un poids de plume nue,
D’une prière d’implosion et d’envol retenus
Jusqu’à la dissolution dans le flot qui nous contient.
Ton sexe, mon iris dans ses émois, dans ses abois,
De fièvres et de spasmes, gonflé de convoitise,
Écartelé de merveilleuse avidité, entre tes cuisses
Où le jeu quand il s’inverse comme un œil égaré
Convertit le feu en eau et l’eau en feu.
Ton sexe, mon iris, lorsque je m’y embranche,
Qui n’a de cesse de me fondre, de me foudre, de me cendre,
Pour mieux me flamboyer des quatre vents du monde,
A m’en déployer le temps dans l’autre sens,
A m’en déplier tous les secrets du Ciel.
Ton sexe, mon iris au regard filtré d’orange et de mercure
Qui s’ouvre enfin sur mon vif - argent dressé de joie
Qui s’y fraie son chemin en glissant au profond de tes hanches,
De tes hanches en rappel sur mes reins
A y cogner le fond de la fleur pour que le cri en sorte.
Ton sexe, mon iris libre qui ne peut plus s’éteindre
Dans ses accès, dans ses excès de floraisons à en brûler d’Enfer
D’y carguer ma semence entre tes hanches retournées qui se retiennent
Dans le désordre de nos draps de soie nue et de chair rappelée
A la volonté de l’inéluctable volupté - déchirure.
Ton sexe mon iris qui ose le poison à foudroyer l’instant,
A s’emporter loin des mondes connus de la raison,
Et dont nous ne reviendrons que naufragés harassés mais heureux dans leurs corps
De la longue et délicieuse noyade de l’espace et du temps
Dans un crépuscule doux amer sur tes seins ton sur ton de veilles épuisantes.
Ton sexe, mon iris fou saturé de sucs et de bonheur
Irradié d’orgasme qui s’explose
Lorsque tu y as couvert à ton envie le loup à l’envers.
Ton sexe enfin, reposé qui se referme en lui - même,
Épanoui d’égoutter mon plaisir sur le drap.
François d'Alayrac