- Allô Marie, je ne te dérange pas ?
- Non à cette heure-ci, Gérard n’est pas encore rentré, et les enfants non plus. Tu vas bien, tu es reposée ?
- Oui, merci … j’ai pu me reposer … plus que je ne l’espérais : à cause de la grève des trains, et des difficultés que certains avaient pour se déplacer, le président a remis la réunion à huitaine … ça m’a donné un peu de liberté …
- Alors cette nuit ?
- Eh bien tu sais …
- Tu ne veux pas m’en parler ?
- Pas trop en fait … je sais bien que toi tu m’as beaucoup raconté, mais …
- Bien sûr … je comprends … mais quand même … tu sais bien que Louis et moi … aussi …
- Je sais, tu tiens à Louis et tu n’as pas envie de le perdre …
- Bien sûr que je ne veux pas le perdre … c’est pourquoi je veux quand même que tu me dises un minimum …
- Tu veux que je te dise que j’ai été extrêmement déçue … que je regrette … eh bien non Marie, je suis désolée, mais je ne peux pas te dire ça.
- Et tu ne veux pas le perdre non plus ?
- En effet, je ne veux pas le perdre.
- Et lui, Louis, qu’en pense-t-il ?
- Tu sais il est très discret … chaque fois que je lui ai parlé de toi, il m’a répondu : « tu aimerais que je te raconte à Marie ? » … et bien entendu, je lui retournais : « non » … et il me disait alors : « je ne te dirai rien d‘elle … si tu veux savoir, interroge-là … d’ailleurs elle aime discuter avec toi de ses relations avec moi ».
- Il n’a jamais voulu te parler de moi ?
- Non … et je crois qu’il ne te dira rien non plus de moi … il a d’ailleurs été étonné des indiscrétions que tu m’as faites.
- Il ne me dira rien de toi … tu en es sûre ? … ça fait longtemps qu’on se connaît … il existe une grande intimité entre lui et moi … et s’il te trahissait … ? Il pourrait te dire qu’il ne parlera pas … et quand même le faire … tu as confiance ?
- Oui j’ai confiance en lui …
- Oh mais dis, si tu es si confiante … c’est que tu as passé une grande nuit avec lui …
- Je t’ai dit que je ne t’en parlerai pas.
- Oui, mais ton silence parle pour toi … pour que tu aies autant confiance … il faut qu’il t’ait vraiment rendue heureuse …
- Pas de commentaire …
- Si je comprends bien, tu veux m’éjecter ? Et lui, tu es sûre qu’il est d’accord … pour se consacrer à toi ? Tu m’as dit qu’il ne t’avait pas parlé de moi … comment sais-tu qui il veut choisir ? Il faudrait peut-être le lui demander ?
- En mon âme et conscience, je ne pense pas qu’il ait envie de te perdre … même s’il ne m’a rien dit … une intuition …
- Peut-être qu’il n’a pas envie de me perdre … et qu’il va te sacrifier … ?
- Je ne pense pas.
- Ah bon, il veut deux femmes … il appellera l’une ou l’autre en fonction de son humeur … ?
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce qu’il faudra bien qu’il choisisse …
- Comme toi tu as choisi … Gérard ou Louis ?
- Rien à voir … je suis mariée … je tiens à mon mari …
- Et tu tiens à ton amant également …
- Mais qu’est-ce que tu me racontes là Michèle ?
- Rien Marie … seulement que tu ne choisis pas … et que moi non plus je ne choisirai pas … j’ai également Pierre … et mon amant …
- Dis donc, tu as vite évolué, toi … il y a vingt-quatre heures à peine tu étais toute hésitante … tu avais peur de tes envies, tu avais mauvaise conscience … et maintenant tu te trouves toutes sortes de raisons …
- Je ne me trouve pas de raisons … je suis allée chez lui … et j’y ai trouvé du plaisir … et je voudrais que ça continue … exactement comme toi …
- Et que je te dégage le terrain …
- Je vais te dire … j’ai d’abord pensé comme ça … Louis et moi … et toi tu retournes à tes chères études … et à ton mari … Et puis j’ai réfléchi, Marie … et je me sui dit que toi aussi tu devais penser de la sorte : « que Michèle retourne à ses chères études … et à son mari … ».
- Exactement ce que je pense … je vais d’ailleurs mettre Louis au pied du mur … l’obliger à choisir … et je suis sûre …
- Et il en sera fini de nos dix-huit ans d’amitié … l’une de nous eux va être jetée, humiliée … comment pourrions-nous rester amies ?
- Je suis désolée Michèle … mais notre amitié a pris fin … je vais l’obliger à choisir, et il va me choisir … et tu vas perdre … comment pourrais-je rester ton amie ? Amie avec toi qui auras voulu me prendre Louis ? Il va me choisir … et quelle humiliation ça va être pour toi ? Il n’y a pas de porte de sortie, tu vois … Mon tort ça a été de te raconter toutes ces choses qui me sont intimes … et d’avoir déclenché la tentation en toi … oui je suis fière d’avoir trouvé Louis … je n’ai pas pu ne pas en parler à mon amie de cœur … une amie avec un tel sens moral que … et puis malgré ton sens moral tu t’es mise à rêver … un rêve gratuit puisque tu n’avais aucune chance de le connaître jamais … et que quand bien même si ton destin pouvait t’amener à le croiser … ça ne pourrait être qu’entre deux portes … « Bonjour Michèle, enchanté … » et vite oubliée la Michèle … Pourtant si entraînée par ton rêve … tu t’étais mise à vouloir toi aussi un amant … des hommes disponibles pour cette usage … tu aurais pu en trouver ailleurs … Je sais je t’ai laissée fantasmer sur Louis … sur mon amant … c’est que je suis fière de lui, fière de l’avoir à moi … et aussi parce que j’étais sûre que jamais vous ne vous croiseriez … Et puis il y a eu ce concours de circonstances … et ta manière de saisir la balle au bond … et malgré ça je n’ai pas dit « non Michèle, ne touche pas à Louis ! » … car je croyais que tu allais te dégonfler … eh bien non !
- Tu vas lui demander de choisir … mais s’il te choisit …
- Il me choisira, Michèle !
- S’il te choisit, il t’en voudra de l’avoir contraint de choisir … et vos relations vont rapidement péricliter à cause de ce chantage que tu lui auras fait … Tu auras eu un triomphe immédiat … mais une catastrophe inévitable derrière. … Et s’il décide de me choisir, moi … c’est toi qui seras humiliée … et lui, il t’en voudra de l’avoir poussé à ce choix … et dans ce cas, lui et moi, nous aurons toutes les chances pour nous … Tu comprends bien … si tu l’obliges à choisir, dans tous les cas tu perds. Moi, par contre, bien sûr je peux perdre … peut-être pas définitivement d’ailleurs … Mais aussi j’ai une chance de gagner … Le pari de Pascal en quelque sorte.
- Quel raisonnement !
- Qu’est-ce que tu veux, je suis une universitaire … comme toi Marie.
- Et que proposes-tu ?
- La paix.
- La paix … mais nous ne pouvons plus être amies … nous ne pouvons plus vivre en paix l’une avec l’autre …
- Souviens-toi … dans les pires guerres … enfin les guerres de chez nous … vois en Yougoslavie … on finit toujours par se voir imposer la paix … et comme nous deux nous ne sommes pas des militaires, peut-être pourrait-on faire la paix avant de déclencher la guerre … et de rendre les choses pires encore … Je n’ai pas envie de perdre Louis, c’est certain … et je ne veux pas perdre mon mari non plus … pas plus que mon amie … ça vaut bien la peine de réfléchir … Que deviendrais-je si je perdais Louis, ou Pierre ou toi Marie ?
- Michèle, je ne veux pas perdre Louis, et je ne veux pas perdre mon mari … mais je n’ai plus d’amie …
- Et tu prends le risque de tout perdre ?
- Et je ne perdrai rien, je gagnerai sur tous les tableaux … je ne peux que gagner … j’ai tous les atouts en main …
- Écoute-moi quand même Marie. Tu ne veux pas perdre Louis. Bien. Tu ne veux pas perdre Gérard. Bien. Tu adores faire l’amour avec Louis. Magnifique ! … Et je suppose que comblée par lui comme tu l’es, Gérard, tu ne dois pas trop le « relancer » … tu dois plutôt attendre qu’il « te sollicite » … peut-être en espérant qu’il soit fatigué … et que tu pourras échapper à « vos tendresses conjugales » … et pourtant quand il veut te faire l’amour … tu ne rechignes pas … tu acceptes … sans doute même que tu lui donnes l’impression que tu y as pris du plaisir … tu acceptes d’autant plus facilement que tu n’as pas bonne conscience dans le lit conjugal … de « prendre régulièrement ton pied » avec un autre … ailleurs … Et tu trouves ça normal ? … Et moi, je vais me retrouver confrontée au même problème …
- Et alors ? Et puis je t’interdis de discuter de ma vie conjugale !
- Navrée Marie d’en être amenée là … mais c’est la réalité … la vérité qu’on ne veut pas regarder en face, moi comme toi … Tu acceptes d’avoir deux hommes dans ta vie … Je vais en faire de même … Aussi pourquoi Louis, lui, ne pourrait-il pas avoir deux femmes dans sa vie ?
- Et ces deux femmes seraient toi et moi … bien sûr ? Jamais !
- Parce que toi et une petite minette qu’il se ferait le samedi soir parce qu’il n’a rien d’autre à faire, parce qu’il l’aurait rencontrée chez des copains, qu’elle est « baisable », pas farouche et disponible … ?
- Qu’est-ce que tu voudrais que j’y fasse ?
- Une petite grue quelconque … oui … et tu l’accepterais !
- Je n’aimerais pas, c’est évident … mais qu’y pourrais-je ? … une passade … et d’ailleurs il ne me le dirait pas … je ne pourrais pas être au courant …
- Il peut baiser ou il veut … du moment que tu ne le saches pas … le comble de l’hypocrisie ! Il peut baiser qui il veut … mais pas Michèle !
- Je ne te permets pas …
- Et si plutôt nous faisions la paix tous les trois Marie ? Si tu continuais à le rencontrer de temps à autre … sans jamais lui parler de moi … et sans jamais me parler de lui … comme tu ne parles jamais de lui à Gérard … ? … Et si je faisais de même ?
- Comme tu y vas ! … Mais même si lui et moi on ne parlait pas de toi Michèle, le simple fait que je sache … qu’il te donne du plaisir, ça me rendrait malade … et toi aussi d’ailleurs …
- Oui ça me rendrait malade … mais après ? … Le perdre ça me tuerait ! Pire ! … Pense à Pascal et à son pari, Marie …
- Michèle, je comptais l’appeler ce soir pour lui demander de choisir … j’attendrai demain matin … je n’ai pas le choix … je ne peux pas l’appeler ce soir, Gérard vient de rentrer … Allez je t’embrasse …
- Je t’embrasse aussi … à demain … pense à Pascal … Je t’adore Marie … je ne veux pas te perdre.
Elles raccrochèrent. Michèle alla rejoindre Louis dans la cuisine …
- Ah tu m’as préparé à manger … c’est gentil. Mais il va falloir que je rentre …
- Pas avant d’avoir pris un en-cas … et puis quand reviendras-tu ?
- Je ne sais pas … devoir te quitter m’est insupportable … Tu m’as fait découvrir mon corps … et les plaisirs qu’il pouvait m’apporter … Tu m’as également fait découvrir l’homme … Merci Louis. J’ai découvert … et j’ai voulu également aller moi-même à la découverte aujourd’hui … Tu m’as laissée faire … Encore un beau cadeau que tu m’as fait là … Mais j’ai vu immédiatement les limites de cette activité volontaire féminine … pour moi en tout cas … La fellation j’ai voulu la maîtriser … je t’ai demandé de me laisser libre, de ne pas me « forcer » … C’est bien d’être le maître … mais combien en tant que femme, j’ai préféré lorsque c’était toi qui me prenais, quand tu m’imposais ta volonté … Bien sûr j’ai aimé cette expérience-là … mais je pense qu’à l’avenir je préférerai que ce soit toi qui prennes les initiatives … que ce soit toi, qui pour en terminer, t’imposes au fond de ma gorge ... le résultat aurait dû être le même, je l’avais cru … c’est pour cela que j’ai tenté l’expérience … mais la passivité … avec toi j’adore ça … j’ai pris beaucoup plus de plaisir en m’abandonnant … plutôt que de vouloir contrôler … comme je me suis sentie femme sous ton « autorité » … j’ai aimé recevoir le plaisir en femme … ne pas avoir à me demander comment l’organiser … À part exceptions peut-être … dorénavant j’attendrai tout de toi … mon plaisir est là, dans l’attente, dans le don que je te fais de moi … Bien sûr tu pourras me demander si … mais pour l’action … je veux m’abandonner … je viens de découvrir le bonheur d’être femme … je ne veux pas perdre ça … Et pour ce qui est de la pénétration vaginale, même chose … je suis incapable d’organiser mon plaisir … j’aime tellement quand il ne dépend que de toi … et que je ne suis que ton assistante dévouée.
- Un peu déçue d’avoir pris l’initiative alors ?
- Peut-être … peut-être pas … tu m’as tellement appris depuis hier que je voulais participer moi aussi à mon éducation … dans les journaux féminins on nous vante tant l’activisme des femmes … que je voulais faire cette expérience … J’y ai pris du plaisir certes … mais une espèce de plaisir solitaire … je crois que la femme attend le plaisir de l’autre … naturellement. Moi en tout cas. Peut-être je me trompe … peut-être je n’ai pas bien compris … peut-être ne suis-je pas faite pour cela … mais sûr … j’adore que tu m’amènes au plaisir.
- Je ne voudrais pas que tu repartes déçue chez toi, aussi, je vais te prendre encore avant ton départ …
Et il repoussa les assiettes et l’assit sur la table de la cuisine
- Eh Louis, il faut vraiment que je reparte !
- Nous allons faire vite … je vais te prendre … en femme … et tu vas apprécier …
- Mais je me suis rhabillée, et ma jupe est étroite …
- Je vais gérer tout cela …
Il la reposa sur ses jambes, lui dégrafa la jupe … et l’abaissa en entraînant également la culotte. Et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, elle ne se retrouva plus vêtue que de sa blouse et de son soutien-gorge Il l’assit à nouveau et l’allongea sur la table, les jambes dans le vide. … Il baissa son pantalon et son slip et s’enfonça en elle … Elle entoura sa taille de ses jambes, lui la saisit aux hanches pour que les va-et-vient puissent la pénétrer au plus profond … De son côté, bien accrochée à lui, elle l’aida le mieux qu’elle put … Louis ne tarda pas à éjaculer … et après s’être un peu maintenu au fond d’elle, se retira. Du revers de la main, il lui flatta les doux poils fins de sa discrète toison …
- N’oublie pas, je vais la faire disparaître … mais n’aies crainte, je vais te laisser le temps de t’organiser … de te trouver une excellente raison … je te laisse un mois …
Elle se releva, tout sourire … elle n’était que tout sourire depuis vingt-quatre heures qu’il la connaissait … Quels plaisirs ils partageaient ensemble …
- Je vais la trouver Louis, cette excellente raison … pour toi je vais la trouver … Merci encore … ça a été très rapide … mais tellement intense … tu es vraiment merveilleux … le plaisir que tu m’as donné n’avait rien à voir avec mes plaisirs personnels de toute à l’heure … J’adore quand tu me prends … quand tu prends possession de moi … Comme tu me rends folle ! … Mais excuse-moi, il faut vraiment que je parte. Je voudrais tant rester … et que tu me prennes et me reprennes encore …
- Je t’appelle un taxi ?
- S’il te plait.
Elle remit sa culotte et sa jupe. Elle posa ses lèvres sur celles de Louis, saisit sa veste, la passa. Louis appela.
- Dans quinze minutes devant la porte … Eh Michèle, pas si vite … avant de partir … Marie ?
- Je lui ai proposé un « ladies’ agreement » … reste à avoir si elle l’acceptera ?
- Comme je dois être concerné, je peux savoir ?
- Je ne sais pas, Louis, si je peux te dire … ?
- Oh je sens qu’avec vous deux, ma vie ne va pas être facile …
- Rien ne sera facile pour aucun de nous trois …
- Un avenir radieux s’annonce …
- Louis, acceptes-tu le fait de pouvoir me perdre ?
- Accepter ça ? Que non … mais ma volonté seule ne peut rien … Et toi, tu acceptes de me perdre … ?
- Je refuse de te perdre Louis … mais là aussi ma volonté seule … Tu me diras que nos deux volontés … Et Marie, tu acceptes de la perdre … ?
- Tu oublies Marie !
- Impossible de l’oublier. Elle est entre nous deux, Marie … Et toi Louis, tu n’as pas envie non plus de la perdre … sans quoi tu m’aurais dit « oui ».
- Quel raisonnement ! Je ne veux pas te perdre … et pour ne pas te perdre Michèle, je ne peux absolument rien te dire au sujet de Marie … Si je le fais j’ignore comment tu pourrais interpréter mes dires … comment tu pourrais les utiliser … tu es trop impliquée pour être juste … C’est regrettable, mais le mieux, ce sont les non-dits. Même chose dans l’autre sens si je parle de toi à Marie … Je suis contraint à la discrétion, une espèce de secret de la confession … Désolé Michèle, je t’adore, j’aimerais que tu puisses encore rester près de moi ce soir … mais je me dois d’être sage ... et de ne pas essayer de te faire fléchir … Ta vie familiale est ailleurs … je ne peux pas te déstabiliser … déjà que je t’oblige à tricher … je dois me contenter de ce que tu peux m’accorder … rien que de cela …
- Qu’est-ce que tu me dis là, Louis ! … Mais tu me fais la cour ! … donc à moins que tu ne sois un grand manipulateur … mais peut-être que tu en es un ? … c’est que tu m’as choisie, c’est évident. Tu m’as choisie moi, et pas Marie !
- Si tu penses que je te manipule, sauve-toi vite pendant qu’il est temps encore ! Tu souffriras peut-être un peu … mais tu te seras sauvée. Et pour Marie, je ne te dirai rien … et je pense que tu dois accepter de ne pas me poser de questions … si je juge que je dois parler … en mon âme et conscience, je le ferai … et si le devoir de parler ne s’impose pas à moi, je ne le ferai pas … aussi ne me pose pas de questions … Imagine que je pourrais t’appeler demain matin et te demander si ton mari t’a fait l’amour … et comment tu as apprécié ça ? Non bien sûr … les non-dits, crois-moi …
- Louis, je ne te poserai plus de questions sur Marie … c’est un fait, entre elle et moi, quelle que soit l’initiative que tu voudrais prendre, tu perdrais …
- Oui.
- Tu m’as dit que tu ne voulais pas me perdre … et j’apprécie. Comme j’apprécie ta discrétion, sois-en certain ... Tu ne prendras donc aucune initiative … c’est mieux ... Et si tu persistes à faire l’amour avec Marie, comme c’est probable, j’en serai malade, sois-en sûr … et si tu continues à faire l’amour avec moi, ce sera merveilleux … et elle en sera malade. Je ne sais comment faire ? … Elle veut t’obliger à choisir … mais je lui ai dit que si tu la choisissais … peut-être tu n’apprécierais pas ce diktat … et qu’il en résulterait éventuellement une tension entre vous deux … Pour ma part, bien sûr je voudrais que tu me choisisses et la jettes, elle … mais je ne suis pas sûre que te demander de choisir soit la solution pour nous trois ... aussi je ne te demande pas de la jeter … et j’enrage de ne pas le faire … Et si on t’imposait un choix … et si tu la choisissais, j’en serais humiliée … Et par elle, et par toi … Et mes relations avec elle seraient irrémédiablement terminées … et est-ce que votre relation à vous deux résisterait à cette humiliation ? Je veux croire que non. … Et si c’était moi que tu choisissais … quel bonheur pour moi ! … et comme elle serait humiliée … et moi heureuse … parce que ce serait elle qui aurait commis la faute de te demander de choisir … Dans ce cas, je t’aurais Louis … un amant exceptionnel … et sans rivale … et de sa faute …
- Compliqué !
- Pas simple en effet … aussi je lui ai proposé une coexistence pacifique … vous continuez à vous voir … et nous deux également … Je ne sais pas si ça te plait … mais je sais que tu ne me le diras pas … De la sorte nous te partagerons entre nous deux … c’est que nous ne voulons ni l’une ni l’autre te perdre … Nous ne te demandons pas ton avis … vouloir te faire choisir ce serait te perdre … à mon avis … Je ne sais pas comment tu peux accepter ça … mais c’est ce que j’ai trouvé de moins mauvais … et en espérant qu’en fin de compte tu finiras par choisir … et que ce sera moi l’élue … Ça je te le dis … à toi seulement … je ne le lui ai pas dit évidemment … Elle voulait t’appeler ce soir pour te demander de choisir … mais Gérard est rentré … et elle t’appellera demain matin … peut-être te demandera-t-elle de choisir tout de suite … ou peut-être qu’après une nuit elle aura réfléchi … et te parlera d’autre chose …
- Merci de ta franchise … tu es quelqu’un de bien, Michèle … Allez, va … va rejoindre le foyer conjugal … Et j’espère que tes remords ne vont pas te faire renoncer à moi.
- Ça ne sera pas facile ce soir … je n’ai pas l’habitude … pire, je n’avais jamais trompé mon mari … je ne sais comment je vais agir avec lui ce soir … qui ne se doute de rien … j’ai un peu honte … mais je ne vais penser qu’à toi … je vais continuer à te sentir en moi … à sentir ta semence vivre en moi … Il faudra que j’aie du courage. Je ne veux pas te perdre … et j’ai peur qu’en dormant, je n’attrape Pierre … et ne lui dise « Louis je t’aime ! » … c’est que je me sens amoureuse comme une gamine … Je crois que je t’aime, Louis …
- Je crois également que je t’aime Michèle …
- Tu racontes ça souvent à tes conquêtes ?
- Bien sûr … ça marche à tous les coups … un excellent attrape-nanas ! … Pourtant, je ne l’ai jamais dit à aucune femme, Michèle … l’éducation sans doute …
- Même pas à Marie ?
- Et si tu l’oubliais cinq minutes ? Je te déteste Michèle !
Ils s’embrassèrent … et elle partit.
Une grande tristesse s’abattit sur Louis … il décida de sortir … ce sera d’abord les bords de Seine … Peut-être le ciné ensuite … ou un restau … ? … Peut-être que si l’occasion se présente il se draguera une nénette … il ne s’en était plus fait aucune depuis qu’il était l’amant de Marie … il en avait perdu le goût … Et s’il n’y avait pas eu ce stress causé par ses relations triangulaires … jamais après ces vingt-quatre heures en présence de Michèle, il n’aurait songé à « se faire » une nénette …
Bon oui, il en draguera une … une blondasse … il n’avait jamais dragué de blonde … Mais après Michèle … pour qu’elle lui fasse penser à Michèle … Bien sûr elle sera plus jeune … aura-t-elle un corps aussi bien fait ? … Des seins aussi merveilleux ? … Une toison aussi délicate ? … et une manière de se donner comparable à celle de Michèle ? Sûrement pas … Michèle est unique ! … Mais il a besoin d’elle encore ce soir … Il devra se contenter d’une pâle copie … qui se montrera décevante … mais qui lui permettra de fantasmer … La trouvera-t-elle cette fausse Michèle ? … Il lui faudrait la trouver cette fille … Il était incapable de passer la soirée seul … en pensant à Marie … Il la trouvera ! … il mit des préservatifs dans sa poche et sortit.