Le lundi suivant, je me rendis à mon travail, j’ai posé mes affaires dans mon bureau, mis mon ordinateur en route, et suis allée à la rencontre de mes collègues. Bien entendu j’ai croisé « mon monstre » :
- Florence, viens dans mon bureau.
- Excusez-moi, Monsieur Ravinel, je dois me rendre chez Madame Aubrimet.
- Mais qu’est-ce que tu as à faire avec elle ? C’est moi ton chef.
- Excusez-moi, je dois la voir. J’en discuterai avec vous après. J’ai rendez-vous.
Il m’accompagna jusqu’à son bureau ; là la secrétaire lui dit que c’était moi que devait recevoir Madame Aubrimet, et pas lui. Elle eut droit à quelques remarques désagréables, mais ne sembla pas s’en offusquer ; quelques minutes après je fus introduite dans le bureau de « la patronne ». Je lui ai expliqué que je ne voulais plus travailler sous les ordres de Monsieur Ravinel, que je demandais à être mutée … En fait que je ne me sentais pas « à l’aise » à travailler avec lui … surtout qu’en plus j’avais eu la faiblesse de me laisser inviter chez lui … et que donc maintenant je ne le supportais plus, que ce soit comme chef ou comme homme. Elle me fit donner des détails, me donna quelques informations « confidentielles » sur des plaintes qu’elle avait reçues de certaines de nos collaboratrices, sans malheureusement de preuves irréfutables … mais que si je voulais bien l’aider … Bien sûr j’ai accepté, et nous avons mis un plan au point.
Une fois sortie du bureau de Madame Aubrimet, j’ai continué mon tour des collègues pour les échanges de vœux. Et « il m’est retombé dessus ».
- Florence, viens dans mon bureau tout de suite, j’ai à te causer.
- Monsieur Ravinel, en ces débuts d’année les gens ont coutume de prendre de bonnes résolutions … alors je propose que vous fassiez comme tout le monde, que vous en preniez ; moi aussi j’en ai prises. Ce serait bien que vous décidiez entre autres de me vouvoyer et de ne plus m’appeler par mon prénom, mais Madame Lavoisy. C’est mon nom. OK ?
- Tu dois avoir raison Florence … allez, passe dans mon bureau !
- Pas tant que vous ne m’y inviterez dans les formes : « Madame Lavoisy, pourriez-vous passer dans mon bureau ? ».
- Mais tu te fous de ma gueule … et tout ça parce que j’ai eu la faiblesse de répondre à tes avances l’autre jour et de te sauter … Alors « tu ne te sens plus … Tu ne t’imagines quand même pas que parce que je t’ai baisée une fois, tu peux maintenant tout te permettre ? Allez, viens dans mon bureau, et vite ! Et qu’est-ce que tu avais à foutre chez « la vioque », hein ? Que je sache, la voie hiérarchique …
- Je ne me rendrai pas dans votre bureau tant que vous n’y mettrez pas les formes.
Je me suis dirigée vers le mien. Il me suivit, verrouilla la porte derrière lui et s’approcha de moi. Il me saisit par les épaules et essaya de m’embrasser. J’ai refusé.
- Mais dis donc, l’autre fois tu aimais ça ; tu ne faisais pas « ta mijorée », tu en redemandais même quand tu es venue chez moi. Et ma grosse bite, dis, tu l’as pas appréciée ?
- Monsieur Ravinel, je ne sais pas de quoi vous parlez … et je vous prie de déverrouiller ma porte, de me parler correctement, et de cesser d’essayer de m’embrasser de force.
- Tu vas voir ce que je vais te foutre, moi … là maintenant sur la moquette. Tu vas encore la déguster ma queue. Tu dois en avoir bien besoin. Allez, allonge-toi donc … que je te ramone comme l’autre fois. Et tu vas encore aimer ça, tu vas voir … et tu en redemanderas. Après tu te sentiras mieux. Ne m’oblige pas à t’allonger de force.
Je n’ai pas bougé. Il a fait une nouvelle tentative pour m’embrasser. En vain. Alors il a essayé de me faire tomber au sol.
- Calmez-vous Monsieur Ravinel. Et écoutez-moi une minute, s’il vous plaît : je vous prie de déverrouiller ma porte, de ne plus essayer de me forcer à vous embrasser, ni d’essayer de me faire tomber.
- Qu’est-ce que c’est que ces conneries ?
- Je vais vous dire un secret, je porte sur moi un micro HF, et toutes les grossièretés que vous êtes en train de raconter sont retransmises dans le bureau de Madame Aubrimet notre Directrice. Et enregistrées. Je l’ai appelée jeudi pour solliciter un rendez-vous avec elle. Et ce matin je lui ai expliqué que vous m’aviez attirée chez vous, que je voulais que ça cesse … qu’elle devait m’aider. Et elle m’a promis de le faire. Et elle m’a informé qu’elle vous soupçonnait de … que Madame Karinky et Mademoiselle Fratello s’étaient déjà plaintes de vous auprès d’elle. Mais qu’elle n’avait pas de preuves. Maintenant elle en a des preuves … enregistrées. Et elle vous fera appeler dans quelques minutes. Je ne vous retiens pas Monsieur Ravinel, déverrouillez la porte … et regagnez votre bureau : comme je viens de vous dire, elle va vous faire appeler ... ne vous éloignez pas de votre téléphone.
Je ne revis plus « mon monstre » de toute la journée. Manifestement il ne quitta plus son bureau. Le lendemain il était en arrêt de maladie.
Le surlendemain j’ai appelé Charles, lui ai dit que j’avais mes règles, mais que s’il le voulait bien, je déjeunerais volontiers avec lui le jeudi ou le vendredi s’il pouvait me rejoindre dans les environs de mon lieu de travail. Il donna son accord pour jeudi. Je retins une place dans un restaurant pour treize heures, en spécifiant que j’invitais un monsieur, et qu’au cas où il proposerait de payer, il faudrait le lui refuser.
Charles et moi nous retrouvâmes dans la rue, nous embrassâmes et entrâmes au restaurant. Assis face à moi, il enserra mes genoux dans les siens, et ça m’a bien plu. Il me demanda de mes nouvelles, de lui parler de mon séjour dans le Lot …
- Tu sais Florence, j’ai apprécié que tu m’aies à nouveau rendu visite vendredi. J’espère te revoir souvent … même pendant des indispositions ; sache que si tu n’es pas particulièrement incommodée ces moments-là, moi ça ne me gêne pas … excuse-moi d’avoir été aussi explicite avec toi.
Je lui ai souri … et ai écarté deux ou trois fois légèrement les genoux pour lui montrer ma complicité.
- Tu n’as pas à t’excuser de ta franchise. Je vais te faire une confidence, je ne ressens aucune souffrance … et ça ne me rend pas particulièrement honteuse. Alors … mais dans ces cas-là je te préviendrai à l’avance … pour te laisser un droit de veto.
- Tu seras la bienvenue, sois-en certaine.
J’ai eu bien entendu le tact de ne pas lui dire que la vie sexuelle de mon couple ne cessait jamais pendant ces périodes-là. Il m’a répété de ne pas prendre de trop grands risques en venant lui rendre visite, que je ne devais pas mettre ma vie conjugale et familiale en péril, et que s’il me disait cela c’était parce que mieux je serai « dans ma peau », plus nous pourrons nous voir. Je le trouvais très sympathique.
- Je suis veuf Florence … et tu es « mon rayon de soleil ».
- « Le rayon de soleil », c’est ton truc pour séduire les femmes ?
- Oh que non, c’est la première fois que je dis ça. Ma femme je l’aimais … même si je ne lui ai pas été des plus fidèles. Mais elle n’a jamais eu à en souffrir … parce que je lui ai toujours donné la priorité. Elle est morte il y a une dizaine d’années. Et toi je ne veux pas non plus que tu fasses souffrir ton mari. En cas de « conflit », donne-lui toujours en priorité. Quoi qu’il arrive.
Une nouvelle fois, il m’avait émue.
Nous nous donnâmes rendez-vous pour la semaine suivante : « je suis assez libre dans mes horaires et je te rejoindrai vers onze heures trente pour deux ou trois heures ». Par la suite nous prîmes l’habitude de ce genre de rencontres.
Seulement quelques jours après son « incident » avec moi, on annonça au personnel que Monsieur Ravinel avait souhaité obtenir un poste en province. Et que comme une opportunité venait de se présenter suite à un départ en retraite, il allait être muté dès le seize janvier à Clermont-Ferrand. Il avait son déménagement à préparer aussi il avait pris un congé jusqu’à son départ. Le jour-même il vida son bureau. Il n’a pas souhaité « offrir de pot de départ ».
J’eus alors de la promotion : je l’ai remplacé dans ses fonctions et suis allée m’installer dans son bureau, plus spacieux que le mien. Dix mois plus tard, à la suite d’une réorganisation générale des services, ma compétence fut étendue à l’Île-de-France et aux régions Nord et Est. J’eus à me déplacer à Lille, Calais, Reims ou Strasbourg, des villes accessibles par TGV et pour lesquelles on peut faire l’aller-retour dans la journée.
Les années passèrent, mon couple a continué à fonctionner à merveille et Patrick et moi continuâmes à prendre beaucoup de plaisirs ensemble. D’autant qu’« un peu à la fois » je m’« enhardissais » et Patrick se réjouissait des « progrès de sa femme ».
Souvent quand je vais en province, je me sens « fatiguée » le soir, alors je préfère passer la nuit sur place à l’hôtel. Généralement avec Charles, mon amant favori … même si de temps à autre je choisis un autre complice qui peut me rejoindre le soir par TGV après le travail. Le lendemain tôt le matin avec le compagnon de ma nuit, je reviens à Paris.
Un jour « j’ai senti le vent du boulet passer tout près » : Patrick m’avait, Dieu merci, appelée de Paris pour m’annoncer qu’il avait pu se libérer, qu’il sautait dans le TGV pour me rejoindre à Lille où nous passerions la nuit ensemble. Heureusement, Charles est un homme très humain et compréhensif, et il sut en gentleman, s’effacer cette fois-là. Néanmoins, je prends quelques précautions : quand un homme me rejoint, il dépose certes son sac dans ma chambre, mais surtout ne l’ouvre pas. En cas de venue surprise de Patrick, je pourrais toujours dire que la personne a laissé son sac là en attendant que sa chambre soit disponible. Mais Dieu merci, quand Patrick peut se rendre disponible, il me prévient.
Évidemment François et Sylvain qui furent de « mes initiateurs » partagent certaines de mes nuits provinciales. Je raffole me faire sodomiser par François, vraiment le roi en la matière. Maman ou Claire continuent à me proposer certaines de leurs « connaissances sûres », qu’elles ont « éprouvées » … et qui « valent le déplacement ». Généralement je me laisse convaincre et je les teste, et si je les trouve intéressantes, je les invite à passer une ou plusieurs nuits avec moi.
Je n’ai jamais eu vraiment envie de partir moi-même à « la chasse à l’homme ». Mère et sœur me fournissent « le nécessaire », et aussi je manque de temps pour me lancer dans la drague : mon travail, mes amants et ma famille suffisent à emplir ma vie. Et puis il me faudrait d’abord utiliser des préservatifs avec ces conquêtes-là, ce que je répugne. Non je me contente des « hommes sûrs » qu’on me présente.
Au bout de quelque temps on a agrandi ma zone de compétence : on y a adjoint l’ouest. J’ai pensé : « Dieu merci, Monsieur Ravinel est à Clermont-Ferrand, donc il n’aura pas à me rendre des comptes ». En fait le destin a été généreux avec moi. Tout a commencé parce que mon chef a voulu un jour me sauter. S’il m’avait bien baisée, je serais sans doute restée sa maîtresse. Banal. Mais il m’avait « sabotée », et j’en ai été révoltée. J’étais révoltée certes, mais comme m’ont dit Claire et Maman, soumise, et j’allais vraisemblablement continuer à demeurer sienne. Mais elles m’ont poussée à regarder les choses en face. Une révolution s’est passée dans ma vie et j’ai eu des amants … pas mal d’amants. Et grâce à ces hommes « choisis », j’ai acquis une énorme confiance en moi.
Ma première promotion, je ne l’ai due qu’à la chance : le poste de Monsieur Ravinel s’était libéré, et en tant que son bras-droit, j’étais la plus à même de le remplacer. Pas très moral cela, puisque c’était moi qui l’avais fait « jeter » … et tout ça par dépit non pas parce qu’il m’avait amenée à l’adultère – ce qui était en fait ma vocation – mais parce qu’il ne m’avait pas vraiment « satisfaite ». Pourtant sans Maman et Claire, jamais je ne me serais révoltée … et ma vie aurait continué « calmement » comme auparavant, sauf qu’alors mon chef m’aurait sautée de temps à autre … et que je n’aurais rien trouvé à y redire.
Ma seconde promotion, moins d’un an après celle-là, je la dois à la confiance en moi que j’avais acquise en fréquentant mes amants « choisis ». Cette qualité m’a permis de devenir une professionnelle reconnue dans mon entreprise. Aussi on n’a pas hésité par la suite à agrandir ma zone de compétence. Et maintenant j’ai de l’ambition, je veux obtenir la France entière comme champ d’action … et pourquoi pas même une compétence hors des frontières. À quoi tient la réussite !
Mes amants je les ai à l’insu de mon mari bien sûr … mais jamais je n’ai eu le moindre remords à cause d’eux vis-à-vis de Patrick. Je me suis toujours sentie « sa femme », d’abord sa femme.
Des remords pourtant j’en ai … mais seulement parce que je gagne aujourd’hui nettement plus que lui. Et comme « au fond de mon âme féminine il est « inscrit que dans un couple le mari doit être mieux payé que sa femme ». Alors je suis gênée. Et j’ai l’intuition que Patrick, même s’il ne m’en a jamais rien dit, doit être un peu vexé. Aussi je m’attache à lui être plus encore une épouse aimante et dévouée ainsi qu’une maîtresse parfaite.