Je me réveille dans une pièce froide, blanche, aseptisée. La table sur laquelle je suis attachée ressemble à un comptoir de boucherie. Ma position est indécente, mais pas douloureuse. Les bracelets de métal, ajustés à mes poignets, tintent au bout de leur chaîne. Je me contorsionne, rien de spécial dans cette pièce cubique. Dans un angle mort pour moi, je devine une caméra. Mon cœur s’accélère, mon sexe se contracte, pas encore d’humidité, mais la sensation affirmée d’un vide à combler. La porte, en face de moi, s’ouvre. Deux hommes. L’un est en blouse blanche, le visage acéré, sans chaleur, à ses côtés une espèce de brute en débardeur bleu et taché, aux traits épais et à la démarche lourde. Ils jettent un regard indifférent à ma nudité frissonnante et traînent derrière eux des fers retenant quelque chose, grognant, que je ne peux pas encore voir.

J’entends le déclic des clés sur les bracelets et je vois la bête qu’ils ont libérée. La brute la flatte gentiment et lui glisse "elle est à toi ". La porte claque derrière eux, je reste seule avec le monstre. Il me renifle. Au travers de ses poils noirs, ses yeux luisants sautent sans cesse. Il a compris. Il se jette sur moi et me pénètre. Je ne hurle pas, le cri meurt dans ma gorge, je lutte pour ne pas l’exciter plus en me débattant. Il est énorme mais tout va très vite. Je prends quelques coups, puis la bête rugit en jouissant. Son odeur est insupportable, son contact révulsant, je suis à vif, entre le vomissement et les larmes.

Je crois les entendre. Je ne devrais pas pouvoir, ils ne sont pas dans la pièce. Pourtant c’est la voix de la brute. " Et maintenant ? " " Et maintenant nous allons voir si il est capable de varier son plaisir, par pure perversité. " C’est l’homme en blouse blanche qui lui a répondu, je ne l’avais pas entendu parler, tout à l’heure, mais je le sais. La terreur est subite, poignante, la souffrance immédiate. Mon corps tente de se libérer, de lui-même, je crois que je refuse, que je crie un "non" désespéré, mais tout m’échappe, ce n’est pas moi qui ordonne, c’est survivre qui s’impose.

Le monstre me regarde cette fois. Il me détaille, je crois. L’animal réfléchit. Il est soulagé mais je l’intrigue. Sa main griffue se pose sur ma cuisse, il écarte les grandes lèvres et observe. Il entre un doigt, accroche un ongle à l’intérieur de moi, force un deuxième doigt, me griffe. Son sexe grossit déjà. Il teste, il essaie, il n’a pas la notion de ma douleur, j’ai raison d’avoir peur. Sa main, sa main entière m’investit, le poing fermé s’engage dans mon sexe et je crois mourir. Quand il la ressort, je vois un peu de sang qu’il lèche. J’ai l’impression d’être silencieuse, la bouche ouverte, mais en fait il semble que je pousse des cris perçants. La bête me regarde, contrariée par le bruit. Son poing s’abat sur ma tempe. Je coule en moi, me retire dans mes murs. Il me réveille en essayant de forcer la barrière de mes dents avec son sexe turgescent, rouge et luisant. Je le happe et mords dans un sursaut d’énergie. Je m’attendais à la pluie de coups.

Je pensais au moins le calmer. Mais il est toujours dur et gonflé. Cette chose n’est pas humaine. Cette fois les larmes coulent. La raclée a brisé les chaînes qui maintenaient mes chevilles. En désespoir de cause, je lance ma jambe pour l’atteindre, tenter de l’assommer. Il m’attendait et saisit mon pied. D’un mouvement brusque il me retourne. Mon genou a craqué, la douleur est fulgurante. Je suis désarticulée et ne tente même pas de me défendre quand il écarte mes fesses. La pénétration est insupportable. Le hurlement qui m’échappe couvre tout bruit mais je crois entendre son ricanement. Il me prend jusqu’au bout, ici pas de limite, la défonce au sens littéral. Longtemps, son va et vient me déchire chaque fois un peu plus, ses ongles sales me labourent les seins, le dos, les cuisses, le sexe, percent ma peau. Je jouis comme une démente, bien avant lui.