Les maîtresses noires hurlent, lèvent les bras écartés vers le ciel et génèrent un immense éclair. Le géant roux trébuche, tombe, amoché, et se relève péniblement. Dans une clameur rageuse, elles se jettent sur lui. L'ange des ténèbres brandit son arme, une lueur verte et noire en jaillit, frappe le moine, l'être sombre l'achève.

Tu ouvres la porte et je relève la tête. A l'écran, le combat se poursuit. Je suis heureuse de te voir mais tu m'accordes à peine un regard. Intriguée, je presse Echap, sauve ma partie et éteins l'ordinateur.

Ta as posé ta sacoche, et ouvert une porte de la penderie. Je suppose que tu as passé une mauvaise journée, j'aimerais en parler, j'attends que tu me donnes ton attention.

Tu sors un cintre, garni de l'une de mes robes. Je regarde le vêtement léger. C'est une petite robe très simple, droite, à peine près du corps, sans manche, ni vraiment courte, ni longue, ni décolletée, une robe banale, que je peux porter au bureau, mais c'est une robe d'été.
" - Tu vas mettre ça.
- En plein mois de novembre ? "
Ton regard arrête immédiatement mon élan moqueur. Dépitée, un peu perdue, je m'exécute. Dans le salon. Tu m'interdis la salle de bain. Tu complètes la panoplie avec des talons hauts. Pas de sous-vêtements, pas de bas ou collants, j'ai un peu froid. Je me dis un instant que tu es un peu trop vieux pour commencer à jouer à la poupée, je réprime un rire. Tu jettes un manteau long sur le dossier du siège informatique, poses un papier plié sur le bureau, et un ticket de métro.
" - Tu vas te rendre à cette adresse, sans ton sac. Ne prends ni argent, ni papiers, tu feras tout ce qu'on te dira. "
Je n'ai plus envie de rire. Sur la feuille pliée, une station et une adresse. C'est à l'autre bout de Paris. Il fait nuit noire, j'angoisse. J'attends un baiser qui ne vient pas, je pars.

Dans la rame, j'échafaude une infinité de scénarios. Je sais qu'aucun ne sera juste. Je joue à me faire peur. Je ne sais pas vraiment si j'aime cette situation.

La rue est glaciale. Je m'engonce dans le manteau légèrement trop grand pour moi, cintré à la taille, les mains enfouies dans les poches. Mes pieds nus sont gelés, les talons claquent sur le bitume, je rate le bon numéro, retourne sur mes pas, sonne à la porte.

On m'ouvre. Je me sens idiote et j'ai le cœur qui bat la chamade : que dois-je dire ? Me présenter ? Sous quel nom ? Pas de papier, pas d'identité donc. Je fais un pas dans l'entrée, ouvre la bouche et cherche furieusement quelque chose à dire. L'homme à l'allure de domestique qui vient de me faire entrer me détaille. Non, il détaille mes cheveux, et lance : " vous êtes attendue ". Ah bon. Le vestibule est sombre, haut de plafond, il sent la poussière des murs de pierre. C'est une vieille maison, il y a trois portes, celle de l'entrée et deux autres. Il ouvre l'une d'elle. Elle donne sur un escalier assez raide. Je le descends prudemment, les talons glissent sur la pierre. Je m'arrête sur le palier, à nouveau devant une porte. Il enlève mon manteau, le suspend à une patère sur le côté et décroche un masque de celle voisine.
C'est une sorte de demie cagoule qui couvre la tête et les yeux jusqu'à la base du nez. Derrière, un savant laçage passe dans des œillets de métal incrustés dans une bande de cuir, et permet de bander les yeux. Il maintient adroitement mes cheveux en arrière et noue le masque.

Là, j'entends une porte s'ouvrir, il me pousse en avant, elle claque derrière moi. Je reste debout, j'ai l'habitude de l'attente. Je suppose qu'il doit prévenir de mon arrivée.

Un bruit, on arrive, mais pas par l'entrée que j'ai prise. Pas un mot, mais des mains sur moi. On me prend les poignets, on m'attire sur quelques pas. C'est la force d'un homme. Il me soulève, une deuxième personne me déchausse.
Ma robe est relevée un peu plus haut sur mes cuisses. On me porte, m'assied à califourchon sur une forme et texture qui rappellent une selle de cheval. On me couche sur le ventre, bras et jambes pendants. Finalement, ça ressemble plus à un cheval d'arçons. D'ailleurs, on m'attache les poignets et les chevilles sur ce qui doit être les quatre pieds. J'essaie de me projeter mon image : je suis comme à quatre pattes, la robe relevée, les fesses nues presque apparentes, les yeux bandés. Pour la première fois depuis que je suis entrée, je prends conscience de mon sexe, de ma position de soumise, d'esclave sexuelle, de ce que mon maître attend de moi.

On se penche sur moi. Une voix masculine. " Nous allons utiliser deux godes. L'un est de taille normale et l'autre plus conséquent, beaucoup plus. L'un ira dans ton sexe et l'autre dans ton cul. Que préfères tu ? " Je n'hésite pas longtemps, je demande le plus gros dans mes reins.
Les deux insertions sont douloureuses. Les entraves sont solides et je ne pourrais pas me détacher, mais elles me laissent une certaine liberté de mouvements. Je me tords un peu, je sais que les sexes factices ne resteront pas en moi. Mais on les presse, on les tient. J'entends un cliquetis, un froissement, et je sens sur mes fesses le contact du cuir. Ca ressemble à un slip très rigide, il me semble qu'on est entrain de le régler à ma taille. Par des sangles ?
Puis il est refermé. Il maintient les godes, cintre mes hanches. Je suis remplie, dilatée, je gémis.

On ouvre la fermeture éclair de la robe jusqu'au bas du dos. Elle est descendue sur mes épaules. Je sais ce qui m'attend. Je sais que j'aime le fouet. Je me contracte sur les verges de latex, je regrette déjà mon choix. Le premier coup ne me fait pas crier, le second est immédiat, le troisième…
Les deux personnes se sont postées de chaque côté. Lorsqu'un fouet s'abat, l'autre se lève prêt à frapper, alternativement, parfaitement synchronisés. Très vite, la douleur est vive, puis cuisante. Puisque je ne suis pas bâillonnée, je crie de plus en plus fort, ma gorge aussi brûle.

Je balance les hanches dans mon slip-carcan, les queues en moi bougent un peu. En glissant sur le cheval, je me masturbe en pleurant. Je suis au bord de la jouissance. J'ai perdu la notion du temps.

Les coups cessent. Je suis brûlante de la tête aux pieds. Le carcan est dénoué, les godes enlevés. La voix demande " elle a aimé ? ". La réponse est silencieuse, mais sans aucun doute positive. Entre mes cuisses, mon sexe détrempe. On me détache.

On me met debout, la robe tombe à mes pieds. Je suis tremblante, groggy, mes jambes flanchent. On me soutient, l'homme me prend dans ses bras, mes jambes autour de sa taille, il me pénètre facilement. On se poste derrière moi. On me sodomise, répondant ainsi à ma dernière question.

Je jouis très vite. Ils sont plus longs, ils prennent leur temps, mais écartelée sur leur membre, je dédie à mon Maître jouissance et souffrance.

Ils m'ont assise sur le cheval. Ils dénouent le bandeau. La cave est faiblement éclairée, je n'ai pas mal aux yeux.

Un peu désabusée, je fixe les jumeaux qui me regardent, eux, amusés. Devant la robe qu'ils me rendent je m'habille, boudeuse, avec le vague sentiment d'avoir été flouée, privée de la beauté des deux anges blonds, cheveux en brosse, rieurs, qui m'ont si bien baisée.

Je remonte l'escalier seule. Le domestique glisse dans ma main un ticket de métro. Chancelante, je rejoins la station.