Trois hommes, campés devant moi, me matent comme une proie. Une proie facile, désormais. J’ai toujours cru que j’aurais le choix. J’ai toujours su que je finirai dans ce genre de situation, mais je pensais que, même alors, j’aurais le choix. Je n’avais pas pensé à ça. C’est un cauchemar, une voie sans issu, ou peut-être une porte vers la folie.

Cette pièce respire le mauvais goût, la vulgarité. La tapisserie de fleurs jaunes est fanée, les peintures écaillées, un voilage gris vaguement brodé flotte devant la fenêtre. Au fond, une autre porte. L’appartement doit comprendre deux pièces, trois tout au plus, peut-être sommes-nous dans une banlieue, un quartier d’immeubles anonymes, entassés parmi d’autres anonymes. Le canapé est criard, le tapis de poils synthétiques prêterait à rire en d’autres circonstances, il y a, ou il y a eu, une femme dans les parages : des napperons de solderie trônent sur les accoudoirs.

Ma sœur est étendue sur une table de cuisine. Ses jambes pendent sur les côtés, attachées au piétement, ses bras ont été ramenés au-dessus de sa tête, solidement liés, et la corde fixée aux autres pieds. Le cordage passe sous le plateau, et ensuite dessus, sur sa gorge, dessous, dessus pour ficeler sa taille, puis plaque ses cuisses avant d’être noué autour ses chevilles. Elle est nue, son corps hurle de peur en lents frissons interminables, elle ne peut qu’écouter. Un masque de cuir couvre ses yeux, descend en couvrant le nez et la bâillonne avec, j’imagine, une balle de caoutchouc dans la bouche. Depuis le temps que je l’entraîne dans mes galères, elle avait échappé à tout, jusqu’à aujourd’hui. Je ne peux plus la protéger.

J’imagine déjà le SM de bazar, traduit par un passage à tabac pur et simple, dans le pur style des amateurs de revues pornos et de bière que j’ai devant moi, mais je me trompe. C’est beaucoup plus simple que ça. L’un d’eux sort une arme, une sorte de pistolet avec un long canon, je n’y connais rien en arme à feu, et la charge. Il se place entre les jambes de ma sœur et, avec une lenteur éprouvée et calculée, insère le canon dans son vagin. Son gémissement étouffé me glace les muscles.

" Bien sûr, si tu fais un geste je tire. " Bien sûr. " Ce n’est pas la peine, j’ai compris, retire cette arme, tu lui fais mal. " Il se tourne vers moi, sourit.  " J’y compte bien.  Déshabille-toi. " On ne sait pas à quel point un jean est difficile à enlever quand on surveille en même temps un individu qui menace un être cher. Toutes mes fringues sont maintenant à mes pieds, j’ai une fois encore l’impression d’appartenir à une espèce quelconque de rongeur et que trois busards volent en traçant des cercles au-dessus de moi.

J’entre en moi, perçois nettement les ordres, mais les exécute dans le flou le plus total. Je pense à ma sœur, l’imagine sauve et loin, en sécurité. Je m’agenouille docilement devant le canapé ou l’un des trois a pris place. Je commence à lécher son sexe encore mou. Quand il le fourre dans ma bouche, j’ai la brutale envie de serrer les dents sur la peau flasque. Il doit le sentir et me ramène à la raison. " Pense à ta sœur. " Je ne fais que ça, bon sang. Il bande petit à petit, je songe un instant qu’il n’en finira jamais de grossir. Il emplit finalement tout à fait ma bouche, et l’agite en va et vient saccadés, touchant le fond de ma gorge de temps en temps, m’arrachant des hauts le cœur. C’est long. La mâchoire me fait mal, son sexe est assez gros, il le pousse toujours plus loin. Je m’applique, veux le faire jouir, en finir, je manque d’habitude.

"Prend son cul. " Je m’affole un instant. Penser à elle. Ne pas paniquer. Je suce consciencieusement, je n’y pense pas. Ca se passe derrière moi, je n’existe plus, rien n’existe, surtout pas la sensation de ses mains qui écartent mes fesses. Un doigt fourrage dans mon anus, je tente de me dégager, par réflexe. Pardon, frangine. Dans un effort infernal, je m’impose l’immobilité. Subir. Il me pénètre d’un seul coup, la bite dans ma bouche percute ma glotte, j’échappe un cri et me tord de douleur. Ca lui plaît, on dirait, son rire fuse et il s’enfonce, toujours plus. Il me martèle brutalement, écarte encore mes fesses. J’ai l’impression qu’il tente de me déchirer. J’ai l’anus en sang, je crois, et le marteau qui m’encule me fait encore plus mal à chaque fois qu’il donne un coup.

L’homme dans ma bouche a accéléré le mouvement. La vue de son pote dans mes reins l’excite, il s’agrippe à mes cheveux, devient frénétique, et jouit en râlant. Ca coule de ma bouche, dégouline sur mon menton, j’ai la nausée, je tremble de rage, l’autre percute mes reins en gueulant.

" Mais ma parole, en voilà une belle queue en érection ! " Non. Si. C’est vrai. Je bande. Petite sœur, que suis-je ? J’ai honte, je refuse, mais je bande comme un fou, échauffé, enflammé, j’attends l’orgasme. Il me masturbe, l’enflure, cette fois je suis en colère. Et plus la colère me brûle, plus je suis raide, empalé sur un sexe conséquent, le menton ruisselant de sperme, et la lave qui monte, de mon ventre, de mes couilles, qui monte et qui jaillit en même temps que l’ordure qui se vide dans mes reins.

Je suis hébété. Ils me disent plusieurs fois de m’habiller. J’obéis comme un somnambule. C’est le regard du troisième gars, celui qui est resté debout entre tes jambes, qui me réveille comme un coup de fouet. Je l’observe un instant et je comprends. Il n’a pas cessé d’aller et venir avec l’arme de son canon, entre tes cuisses, mon amour. Il a sortit son sexe de l’autre main et se masturbait pendant que ses comparses m’épinglaient. Je reste pétrifié, il attendait que je devine. Mon adorée, il enlève ton bâillon et le masque sur tes yeux. Tu clignes des paupières avant de voir à nouveau. J’aurais préféré qu’il te le laisse.

Ma douce, mon aimée, le troisième homme me jette un œil d’amusement désolé et se couche sur toi. Il te pénètre violemment, t’écartèle de ses coups. Je sanglote enfin, tu cries...