Lorsqu'il a surgi, ils étaient allongés dans l'herbe. Dans une étreinte interminable, ils allaient enfin s'abreuver de leur passion. Leurs jeux pervers, le voyeurisme qui accompagnait leurs ébats respectifs, la séduction latente et honteuse qui les rongeait, les avaient submergés cette fois. Aussi brusquement qu'ils avaient laissé exploser leur désir, ils s'étaient fait surprendre, nus dans les hautes herbes.

L. se débat, crie à l'injustice, à l'incompréhension, assure qu'il ne recommencera pas, que ce fut une erreur, et qu'il est assez âgé pour comprendre cette erreur. Rien n'y fait, en aucun cas intimidé par ses grands enfants, le père les traîne sans pudeur, l'un par l'oreille, l'autre par les cheveux, jusqu'à la grange. Il ne les a pas réellement punis depuis longtemps, probablement depuis le jour où ils ont mis le feu à cette même grange, en explorant les captivantes propriétés du silex.

Quand il saisit H., hurlant, pour l'attacher à la chaîne qui pend du plafond, habituellement destinée à attacher du gibier, L. bondit, lui crie de la laisser tranquille, de le punir lui, qu'elle n'a rien fait, qu'il est le seul fautif. Exaspéré, leur père le repousse violemment. L. tombe, et l'homme en colère boucle sur ses chevilles les entraves fixées au mur. Il s'occupera de lui après, il le corrigera plus tard, il peut en être sûr, et jette sur sa nudité, dégoûté, une couverture peu tentante.

Il se tourne vers sa fille, terrorisée, qui tente de se libérer, les bras liés à l'anneau, au dessus de sa tête, elle tire par saccades sur la chaîne qui tinte. Elle le supplie quand il déboucle sa ceinture, elle se tort et plie quand il lève le bras, elle gémit au premier coup. L. crie, elle hurle.

Il claque sur son dos un dernier coup. H. ne s'époumone plus, elle sanglote. Abattu et calmé, leur père abandonne sa ceinture sur le sol, et sort en traînant les pieds. Au moment de franchir la porte, il jette un regard chargé de lassitude à son fils, hoche la tête et part.

L. soupire. Il regarde sa sœur, elle pleure doucement, toujours attachée. Il lui parle, la console, regrette de ne pouvoir la prendre dans ses bras. Elle se calme lentement, redresse la tête. Elle lui dit qu'elle a pensé à lui, pendant tout ce temps, qu'elle aurait aimé qu'il la punisse ainsi, qu'elle a imaginé qu'il le faisait, bien souvent, qu'elle n'a pu s'empêcher, il y a un instant, de le vouloir, le désirer. Elle lui dit qu'elle est prête, même s'il ne peut pas la prendre.

"Ca tombe bien". Elle sursaute, la voix est dans son dos. Elle interroge son frère du regard, il semble pris de panique. Elle pivote douloureusement, et reconnaît les ouvriers de la ferme, ils sont cinq, ils dormaient derrière un entassement de paille, ils ont tous vu, cachés par quelques bottes bienvenues.

Ils s'approchent d'elle. H. se retourne, regarde son frère. Elle le fixe intensément, elle n'a pas d'échappatoire, elle est résignée, elle pense à lui, elle va s'ouvrir pour lui, elle va tout lui donner. Une main se pose sur son dos enflammé, elle a mal. Il se place devant elle, se déboutonne. Il lui ouvre les jambes, place les mains sous ses fesses et la place à hauteur. Il la pénètre en râlant, immédiatement. Elle gémit, lui dit qu'il est trop gros pour elle, qu'il lui fait mal. Il la prend totalement, jusqu'au fond, il jouit très vite, sous les commentaires de ses acolytes.

Encore quatre, se dit elle, presque soulagée quand deux d'entre eux, cette fois, s'approchent. Le temps que l'un se place face à elle, elle aperçoit son frère. Il ne dit rien, blotti dans la couverture, il est fasciné, il la désire et la plaint. Elle est palpée, étirée, retournée. L'homme face à elle la soulève comme le précédent, il s'enfonce en elle. Ses grandes mains écartent les fesses de la jeune fille, le plus possible. L'autre, posté derrière elle, lui applique le pouce sur l'anus et la force. Lorsqu'il arrive à faire tourner deux doigts serrés avec facilité, elle est soulagée, la sodomie ne sera pas douloureuse. Au lieu de la pénétration qu 'elle attend, il vient rejoindre son partenaire de jeux, dans son vagin. Distendue, elle est inactive, vaincue, elle étouffe dans l'étau puissant de leurs deux corps. Elle attend l'orgasme qui la délivrera de ces hommes. Devant elle, il jouit le premier puis se retire. L'homme derrière elle recule d'un pas et la tire à lui. Elle est suspendu, les bras tirés en avant au-dessus de sa tête, il se finit.

L'été est moite, torride, H. voit L. trempé de sueur, elle se demande si il se branle. L'idée la déploie, elle étouffe un sanglot.

Les deux derniers prennent leur tour. L'un d'eux est déjà défait, il se caressait, en regardant la scène. Ils la détachent, la pose à terre. Ils manipulent ses bras, ses jambes, la mettent à quatre pattes, comme un animal, disent-ils. Devant elle, l'ouvrier la prend par les cheveux, lui ne bande pas, elle va devoir l'aider. Il se fourre dans sa bouche et marque le mouvement, de la main et du bassin. Il la remplie, l'autre la sodomise vigoureusement, derrière elle, elle ne respire plus, ankylosée. Il éjacule sur son visage, l'autre toujours planté dans son rectum. Il ne veut pas finir tout de suite, celui là, fait durer, ralentit. Il lui dit qu'il faut qu'ils se taisent, son frère et elle, que personne ne doit rien savoir, jamais. Il la menace. Si quelqu'un sait, ils viendront la chercher, ils la donneront aux bergers, les chiens de la ferme, et même peut-être à l'un des chevaux, le palefrenier sera d'accord, s'il peut aussi en profiter… Ils ricanent. Elle promet qu'elle ne dira rien, alors il termine, il jouit longuement.

Le père va revenir les chercher, une fois sa colère calmée, alors ils l'attachent à nouveau. Elle est sale, maculée de terre, de paille et de sperme. Ils jettent sur elle des seaux d'eau, la fraîcheur la fait frissonner et gémir. La chaleur est intense, elle sèche très vite. Ils sortent en sifflant, par la porte arrière.

L. et H. restent seuls. Sans un mot, ils savent que leur passion n'aura jamais plus le même goût. Ils attendent, ne se quittent pas du regard, leur désir intact.