L'homme geint dans
son sommeil et, brusquement, lui tourne le dos. Elle se
cale contre l'oreiller, le regarde afin d'affiner son
estimation. La lumière orange de la ville passe le
filtre des volets clos. Elle rejette les draps, essuie
son front, passe la main entre ses seins constellés de
sueur. Elle a de la chance qu'il dorme ainsi malgré la
chaleur. Elle
se lève en douceur, stationne un moment devant la glace
de l'entrée. Blanche petite culotte de coton qui ne
laisse pas ignorer l'arrondi de ses fesses, tee-shirt échancré
que perce la pointe de ses seins menus, elle se trouve
gamine et décidément séduisante. Elle enfile une jupe
courte, des baskets à haut talons et sort sans bruit. A l'extérieur,
ce n'est plus l'atmosphère confinée de la petite
boutique de souvenirs, le studio au-dessus qui leur tient,
avec son mari, lieu de foyer, putain de cadre de vie, c'est
le vent et l'odeur de la mer. C'est moite mais, au moins,
ça respire. Il y a plein de jeunes mecs, peut-être des
italiens, des gars qui gardent leurs lunettes noires, même
en boîte de nuit, même au lit, qui la matent et qui la
sifflent, qui lui disent, dans leur langue ou dans un
français approximatif, combien ce serait bon de goûter
leur bâton magique, leur bon bout. Comment savent-ils ce
qu'elle a en tête ? à quoi ça se voit, une femme en
chaleur ? Un autre soir peut-être
pense-t-elle
mais là, là
elle a le vent en poupe, le vent qui
la pousse vers le Calypso, le bar près des docks. Elle
passe devant le casino, les lumières giclent et
bafouillent, bleu, vert, rouge qui répondent à l'orangé
des lampadaires qui bordent la plage. C'est par une nuit
semblable à cette nuit qu'elle l'a rencontré. Dans le bar, il y
a des dockers et des marins, des gros bras qui commencent
par boire bière sur bière avant de finir la nuit en boîte.
Soudain, elle se sent très petite. Elle est déjà venu
ici plus d'une fois avant de le rencontrer. Quelques fois,
cela c'est bien terminé, à d'autres occasions, elle a
eu un peu de mal à expliquer à son mari les quelques
bleus qu'elle a récolté. Rien ne l'a empêché de
revenir, de recommencer. Jamais elle n'a cessé de l'aimer.
Il n'a simplement pas été capable de la retenir. Trop
doux, presque efféminé, pas ce qu'il lui faut, en tout
cas. Ce soir, tout de même, ce soir est différent des
autres. L'homme de la mer revient. C'est pour ça qu'elle
se sent si petite, que son cur bat plus vite, qu'elle
est si timide. Pour un peu, elle se dirait qu'elle va
perdre son pucelage à nouveau. Il est là. Il
blague avec ses copains, des balèzes comme lui, qui s'envoient
tournées après tournées. Elle sourit, lui fait signe.
Oui, elle n'y croyait pas, elle n'y croyait plus, il a l'air
d'être heureux de la voir, il sourit lui aussi. Vraiment,
elle est bien petite quand elle se blottit contre ses
pectoraux de culturiste. Il l'embrasse longuement avec
douceur, la fouille bien avec sa langue, pour qu'elle
couine. Tout à coup toute l'humidité ambiante, la mer
douce chaude et salé, toute la chaleur poisseuse de
cette fin d'été se donne rendez-vous dans sa culotte. Déjà
fontaine, elle prend peur qu'on voit le liquide s'écouler
le long de ses cuisses. "Sortons
"
dit-il. Et il prend congé de ses camarades. Dès qu'ils
sont sortis, il se fait pressant : "viens, dit-il,
trouvons un hôtel, allons n'importe où, je veux te
baiser, rien d'autre ne compte. Trois mois, trois putain
de mois en mer à me branler en pensant à ta petite
chatte". Elle aussi elle a pensé à lui, elle aussi
elle a imaginé être dans ses bras. Elle s'est donné du
plaisir des après-midi entières, un oreiller entre les
jambes. Et maintenant, ils vont faire l'amour. Le monde
entier peut disparaître. Mais, saison
touristique oblige, plus un hôtel n'est libre et il est
hors de question de retourner au bateau, le capitaine
regarderait le marin d'un sale il, déjà qu'il
cherche l'occasion de le virer, à cause de son goût
pour la castagne. Il y a des petites baraques, près du
port de pêche, certaines sont abandonnées, personne ne
va par là à cette heure. Dès qu'ils en ont trouvé une,
elle se poste à genoux, à ses pieds, il descend sa
braguette, lui présente son sexe, il bande déjà, il
est si beau, son marin. Elle embrasse le nud, lèche
le vit et trouve vite la mécanique pour en faire une
barre d'acier. Il saisit ses cheveux et elle plonge en
apnée. Elle ne se retient plus, elle doit goutter sur le
sol de la cabane, comme elle lui a manqué sa
merveilleuse queue, ce puissant pénis qui sait si bien
se dresser, jouir en elle et la faire jouir. Il décide qu'elle
l'a assez sucé. Même debout, il la domine, comme une
statue. La verge bat le rythme cardiaque de ce géant
contre son ventre de femme fragile, les grandes mains se
glissent sous le tee-shirt, rudes contre la douceur de
ses seins dont il fait dresser les pointes par ses lèvres.
Quand il se penche, qu'il en gobe un, le prend en entier
dans sa bouche, elle crie. Il se baisse, soulève ses
jupes et retire sa culotte. Elle se tient devant lui
offerte, les jambes écartées. Il saisit ses fesses et
la décolle du sol comme une plume. Elle s'envole, passe
ses bras autour de son cou. Elle est si bien. Le nud
du marin bute contre la fente. Elle le supplie : "oui,
oui, mon amant, je t'en prie". Il la pénètre
doucement, peu à peu prend ses marques, se cale ; il ne
laisse pas le moindre espace libre. C'est ce qu'elle préfère
: ils s'emboîtent parfaitement. Elle sait qu'il a tout
son temps, qu'il apprécie d'être en elle. On ne peut
pas gâcher une attente de trois mois en quelques coups
de reins. Quand enfin son vit atteint le fond de la
matrice, elle pousse un long soupir orgueilleux. Baisée,
empalée, elle s'est rêvée ainsi. Il accélère, elle l'imagine
dans les soutes du navire, son corps luisant de sueur,
les bras couverts de mazout, donnant sa force aux
machines comme il la lui donne. Un voile blanc recouvre
tout, va et vient de sa chatte à sa tête, sa colonne
vertébrale est un train de montagne qui tombe dans le précipice.
Tout explose. Quand il la
repose, tremblante, elle peut à peine tenir debout. Il
la fait pivoter, la plaque contre le mur. De nouveau il
est en elle, plus dur, plus rude. C'est un taureau
furieux qui la couvre, elle est sa petite génisse, son
animal. "Je vais t'enculer" chuchote-t-il. Un
instant, elle panique, mais cela aussi elle l'accepte,
venant de lui. Elle lui offre son étroitesse. Déjà, le
gland de l'homme fraye l'accès de ses reins. Elle se
cabre de douleur mais aime le sentir dans son cul.
Maintenant, elle lui appartient pleinement, corps et âme,
chaque parcelle de son corps porte sa marque. D'une main,
il la contraint à creuser son dos. Il s'est englouti
tout entier, elle ne l'a jamais senti aussi fort, avec
une telle intensité. Une dernière
secousse, un râle. C'est fini. En quelques
secondes, il l'embrasse, lui dit "même heure,
demain ?" et s'enfuit. Sa culotte traîne
par terre, elle est souillée, doit puer le poisson. Elle
décide de la laisser là, après tout, si un pervers s'en
amuse
Elle chancelle un
peu dans la rue, elle ne veut pas passer par le bord de
mer. Elle s'engage dans le dédale des petites ruelles
qui la conduira derrière la boutique. Loin des bruits de
la plage, entre les murs sombres et désert, elle marche
insouciante, rêveuse. Comme il l'a bien baisé son beau
marin ! Elle le sent encore en elle, avec l'envie de le
garder longtemps. Et demain, ils recommenceront, peut-être
la léchera-t-il comme l'autre fois. Sa langue est si
douce... Une silhouette
devant elle la ramène sur terre. Elle ne se sent pas la
force de fuir. L'homme parle :
"bonsoir ma chérie". Lui. Son homme, l'officiel.
Il l'a suivi. Elle tremble, elle n'a pas la moindre idée
de ses réactions. Va-t-il la battre ? la tuer ? a-t-il
peur du scandale ? il s'approche, passe derrière elle,
souffle dans son cou. Elle frissonne. Une main contre sa
fesse, un doigt la fouille, remonte. Il renifle avant de
reprendre à voix basse : "si je ne m'abuse, ma
femme a mouillé pour un autre". Une boule d'angoisse
bloque les mots dans sa gorge. Il la regarde et dit : "il est beau et fort, il me plait. Je me suis branlé tout le temps que vous baisiez et, quand il t'a sodomisé, j'ai joui. J'espère que tu me donneras d'autres nuits comme celle-ci " Il effleure ses lèvres. Sans une parole de plus, ils rentrent chez eux. |