La nuit est tombée.
La bande pointillée de l'autoroute se déroule sous mes
yeux, mouvement hypnotique. Tu somnoles. Quand tu sens
mon regard, tu relèves la tête, tu me souris. Presque
plus d'essence, je préfère faire une halte avant la
frontière espagnole. Une fois que je suis revenu dans la voiture, après avoir réglé le pompiste, tu me dis : - J'ai envie que tu me fasses l'amour. - Ici ? maintenant ? Un chuchotis, à peine plus qu'un souffle : - Oui. Après les pompes, il y a l'aire d'autoroute, le parking. Il fait très sombre, la forêt nous entoure. Tu me fais ces yeux qui chavirent le cur. Mon pantalon baissé, ta main me dresse ; je te baise longuement les lèvres, te murmure que tu es ma petite esclave, que tu vas me faire du bien, faire plaisir à ton Maître. Docile tu te baisses et engloutis mon vit déjà bandant. Tu m'aspires jusqu'au fond de la gorge. Je caresse doucement tes cheveux. C'est alors que je vois l'homme. Une figure trapue indistincte, en contre-jour, les lumière de la station derrière lui, il nous mate. Un instant je panique, j'ai peur pour toi. Mais les portes sont verrouillées et l'homme ne fait pas mine de s'approcher plus. Indifférente, tu semble prête à aller jusqu'au bout, me laisser jouir dans ta bouche, je sais combien ma jouissance t'importe je relève ta tête, je te chuchote à l'oreille que nous donnons du plaisir à un voyeur. Tu n'y trouves rien à redire. Ta culotte vole sur la plage arrière. Je bascule mon fauteuil. Le temps de mettre la capote, petit capuchon de plastique brillant, et tu es sur moi. Mon sexe entre de suite en entier, tu m'avales goulûment, tendue, ton balancement est comme une lame de métal vibrante, tes mains posées sur mes épaules me serrent en étau. Je regarde l'homme, il tressaute en rythme, il se fait jouir. Qui est cet inconnu ? que faisait-il là ? c'est peut-être un lieu de rendez-vous. Sans doute un habitué. Il a dû se branler des centaines de fois, devant des voitures où d'autres couples faisaient l'amour. "J'ai envie de te prendre mille fois, par chacun de tes orifices." Tu te contractes, pinces mon sexe, gémis. Nous jouissons ensemble et j'aime à penser que l'autre, dehors, arrose ma portière de longs jets blancs. Tu reposes contre moi. Apaisée, tu trembles encore un peu. Comme je t'aime. Je regarde enfin, l'homme est parti. Je crois que ça t'a plu |