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Auréline 13 – le retour de Monsieur

De: Auréline
A: Anne-So
Objet : Re:News

Coucou ma louloute,

Désolée pour mon silence de ces derniers jours mais les rebondissements n’ont pas cessé de se multiplier et ma vie intime n’a jamais été si compliquée… Je t’ai déjà parlé de ce Monsieur charmant avec qui j’ai une relation si bizarre. Disons qu’il possède un certain… talent que j’apprécie mais l’on doit à chaque fois passer par des détours alambiqués avant qu’il ne parvienne à ses fins. Le pire : il ne cessait de me proposer de l’argent. Tu m’imagines, moi, entretenue par un Sugar Daddy ? Je ne crache pas sur le fric, loin de là, mais, enfin, je ne suis pas de ces filles là… Tu vois ce que je veux dire ? J’accepte par obéissance envers Maïtre J. C’est tout. Nous sommes tout de même parvenus à un accord avec Monsieur : il me prête sa carte bleue en période de soldes.

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De: Auréline
A: Janus
Objet : Nouvelle visite

Cher Maître,

J’ai de nouveau rendu visite à Monsieur, votre ami, dans sa chambre d’hôtel. Nous avions préparé cette séance, en partie, la semaine précédente. Il avait insisté pour m’acheter un bustier et un string en cuir, des bas noirs autofixants. Je dois avouer que je me sentais un peu ridicule, cet attirail de dominatrice sied peu à ma réserve habituelle. Il faut que je confesse également que, au fil de mes rencontres avec Monsieur, je suis devenue adepte de son jeu de langue. Je me couche, les jambes écartées, offerte, et il accomplit ce qu’il appelle ses « génuflexions ». Dans cette position, je l’avoue sans honte, pendant qu’il me lèche, je pense à vous et je jouis. Il s’agit là de l’acte le plus intime qu’il s’autorise. Il ne m’a jamais pénétrée ni même embrassée. Le piédestal où il m’a placé est bien trop haut pour cela.

Revenons-en à notre dernière soirée. Cette fois, il voulait être puni. J’ai enfoncé le talon si pointu de mes bottes dans sa cage thoracique. S’il avait mal, je n’en ai rien su. Sur son visage je ne lisais qu’une expression extatique. Il s’est allongé à plat ventre sur le lit et j’ai donné des coups de martinet sur ses fesses nues. Je l’ai entendu dire : « plus fort je vous en supplie ». Je l’ai flagellé avec toute la vigueur dont j’étais capable, à m’en faire mal au bras. Je n’y ai pris aucun plaisir. Il m’a demandé de fouiller dans sa valise. J’y ai trouvé un gode-ceinture. Il m’a dit de l’enfiler. Je ne me sentais pas très bien, un peu nauséeuse mais j’ai voulu aller jusqu’au bout. Je l’ai sodomisé, sans lubrifiant. Il a crié. A un moment, j’ai saisi sa verge. « Non, m’a-t-il dit, je n’en suis pas digne ». Il m’a laissé faire, pourtant, et il a taché les draps de longues giclées blanches. Il m’a demandé de rester, pour la nuit. Il dormirait au pied du lit comme un bon chien. Je lui ai répondu que non, je ne pouvais pas. J’en suis désolée. Me le pardonnerez-vous ?

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De: Janus
A: Auréline

Ma chère esclave,

Je comprends bien que ce que tu as connu jusqu’ici, par mon entremise, n’était que l’aperçu d’un champ d’expérience à venir et que tu souhaites, maintenant, vivre de manière plus complète ta condition de soumise. Sache que nos phantasmes peuvent devenir réalité, même si le prix est souvent plus élevé que l’on imagine. Je pense que tu es prête, et la séance avec Maîtresse C. en constitue la preuve, à te présenter devant une bonne amie à moi afin de commencer ton dressage. Tu trouveras son adresse ci-dessous. Maîtresse F. t’attend, samedi prochain à dix heures précises. Sois ponctuelle, elle est très pointilleuse sur ce chapitre.

 

Auréline 10 – les bottines

Les devantures des sex-shops et des peep-shows se ressemblent toutes. Nous marchons un moment. Monsieur ouvre une porte et m’invite à entrer. Nous sommes dans le hall d’accueil d’un hôtel. Sous une lumière glauque trône un réceptionniste au visage blafard. Il me fait penser à un croque-mort.

– Pour la nuit ?
– Non pour une heure.

Monsieur paie d’avance le montant indiqué. Il me fait de moins en moins penser à un gentleman. Dans la chambre il s’excuse et file aux toilettes, sa petite valise à la main. Quand il en ressort, il est torse nu, juste vêtu d’un pantalon en cuir. Je viens à l’instant de dessaouler.

– Je crois que je vais prendre congé, dis-je.

Monsieur est très déçu.

-Oh non, je vous en supplie. Ne prenez pas peur, je ne veux pas vous faire de mal. Je veux juste que vous portiez les bottines que je viens de vous acheter. Je ne vous toucherai pas. Je me tiendrai juste à genoux à vos pieds.

Après tout, pourquoi pas, si je peux faire plaisir à un vieux monsieur. Je retire mes chaussures. Il regarde mes pieds avec envie, on dirait de la gourmandise. J’enfile les bottines très lentement. Je resserre les lacets.

– Très beau, dit-il. Elles mettent bien en valeur le galbe de vos mollets.

Voila. Je suis assise sur le bord du lit. Un homme à genoux devant moi vénère mes pieds. Ce monde est un peu fou.

– Si j’osais… hasarde-t-il.
– Dites toujours.
– J’aimerais les lécher, très chère, vous montrer ma vénération.

Je lui octroie ce privilège. Monsieur s’applique, il dépose de petits baisers sur le cuir, suçote le bout et nettoie les chaussures avec la langue. J’ai l’impression qu’il s’escrime pendant des heures. Enfin, il s’arrête. Peut-être a-t-il senti ma lassitude, j’ai du mal à réprimer un bâillement.

– Je crois que ce sera tout pour ce soir. Je vous remercie infiniment.

Il saisit son portable pour appeler un taxi.

– Etes-vous satisfait Monsieur ?
– Oui, tout à fait.

Il ajoute ensuite, avant que je parte :
– Vous pouvez garder les bottines, bien entendu.

Auréline 9 – le goût de Monsieur

Nous prenons de nouveau un taxi. Monsieur dépose une petite valise dans le coffre. Je suis sous le charme et encore ivre, je crois bien que s’il se penchait vers moi pour m’embrasser, maintenant, sur la banquette arrière, je ne résisterais pas. Mais Monsieur sait garder ses distances. Il reste silencieux et en retrait. Je tente de relancer la conversation :

– Et où voulez-vous m’emmener ?

Il grimace. Je sens un léger malaise, pour la première fois de la soirée.

-J’aimerais vous faire un cadeau. Vraiment, j’y tiens. Malheureusement, nous ne trouverons des magasins ouverts que dans un quartier peu fréquentable.

– Ah… Et quel est cet endroit je vous prie ?
– Pigalle

Nous nous arrêtons devant un Sex-Shop. La vitrine me surprend un peu. Bien sûr, je m’attendais à un étalage vulgaire et coloré. De ce côté-là, je ne suis pas déçue. Des néons bleus, du flash clinquant. Peu de godemichets et d’accessoires sexuels en revanche. Beaucoup de lingerie de charme, bas, blancs, rouges, noirs, des guêpières assorties, de belles dentelles, du Licra pour les fétichistes. Je n’aurais pas pensé que cet assortiment me plaise, je suis comme une écolière dans une boutique de sucettes. La vendeuse est très sympathique. Elle demande à Monsieur ce qu’il désire. « Nous cherchons des bottines pour Mademoiselle. Elles doivent monter juste en dessous des genoux, mais le plus important ce sont les talons, plus ils seront hauts mieux ce sera. » La vendeuse s’enquiert de ma taille de chaussures. « Je crois avoir en stock ce qui vous conviendra, dit-elle. » Elle ramène des bottes en cuir. Je m’assois pour les essayer. Ce n’est pas tâche facile, les lacets sont croisés du bas jusqu’au haut, je mets une éternité à les resserrer. Quand je me lève, j’ai l’impression d’avoir pris trente centimètres. Comme la tête me tourne encore un peu, je tangue d’un bord sur l’autre. Voyant cela, Monsieur m’offre un bras secourable. « Absolument parfait dit-il ». Il ne m’a même pas laissé le temps d’exprimer mon avis. La vendeuse emballe les chaussures et nous sortons. « Venez, continuons à pied, dit Monsieur ».